Auteur : Iseult Hits : 2734
Lady Oscar > Romance > 30 ans sinon rien... >
Premier chapitre pas drôle, mais il me semble important d'expliquer les états d'âme de la pauvre Oscar...
J'espère que ça plaira quand même...

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CHAPITRE 1 : Femme tu seras ...

- Je ne veux plus JAMAIS te voir ! Sors !

- Mais Oscar ...

Comme seule réponse il reçut une gifle magistrale sur la joue droite qui le déstabilisa, et le fit tomber au sol. Alors qu'il se massait le fessier, la blonde le projeta " délicatement " hors de sa chambre, les yeux pleins de larmes.

- André ! S’outra Grand-mère en accourant vers lui, jupons relevés. Qu'est-ce que tu as encore fais à cette pauvre Oscar ?

- Mais rien, j'te jure !!

- Oh Oscar... Ouvre-moi ma petite...

Elle toquait sans se décourager depuis maintenant cinq bonnes minutes mais seul les pleurs étouffés de l'enfant lui répondirent.

- Oscar, laisse-moi entrer s'il te plaît.

- Nooooooooon... hurla la fillette. Je ne veux pas LE voir !

- Mais qui ça ? Voyons Oscar...

- OUIIIIIIIIIIINNN !!! André je te hais, JE TE HAIS !
Grand-mère foudroya du regard son petit-fils, et celui-ci mit moins d'une seconde à détaler comme un lapin prit en chasse.
A force de menace, en l'occurrence allé tout répéter à Papa Jarjaye, la benjamine de la famille consentit à ce que Grand-mère la rejoigne dans sa chambre.
Le spectacle de celle qu'elle considérait comme sa petite-fille les yeux rougis et reniflant lui transperça le cœur. Elle s'installa sur le lit et à sa plus grande surprise, la fillette alla se blottir dans le creux de ses bras. Ce geste tellement inhabituel chez elle déconcerta la vieille dame qui se mit à lui caresser les cheveux.

- Raconte moi ce qu'il c'est passé, il c'est moqué de toi ?

Oscar acquiesça en reniflant bruyamment.

- Il a dit... Il... Il a dit que...

Ses pleurs redoublèrent.

- Mais qu'est-ce que t'a dit ce garnement ?

- Grand-mère, c'est vrai que... j'aurais jamais d'amoureux ? Parce que les amoureux c'est pour les filles, et que je serai jamais une fille ?

Grand-mère ouvrit grand les yeux ( comme ceux du grand méchant loup ) s'en pouvoir s'empêcher de sourire discrètement. Alors comme ça, ça petite Oscar n'était pas tout à fait désintéressée de tous les avantages qu'apporte la condition de femme. En l'obligeant à s'assoir devant elle, elle lui releva le menton de son poing fermé en lui adressant le plus resplendissant de tous les sourires.

- Mais bien sûr que non mon Oscar, il dit n'importe quoi. Tu es bien trop jolie pour finir ta vie toute seule. De plus, je gage que dans quelques années tu seras la plus belle femme de tout Versailles, et que tu auras tout les courtisans à tes pieds...

- Non ce n’est pas vrai... murmura la fillette. Car tout le monde me prend pour un garçon, et je suis moche !
(Déterminée la p'tite !)

- Ne t'inquiète pas, viendra bientôt le jour où Oscar François de Jarjaye laissera ressurgir sa véritable nature, fais moi confiance. Ton père ne pourras pas toujours mentir sur ce que tu es vraiment, et tu seras alors sa digne fille.

- Mais quand grand-mère ? Quand ? J'ai entendu père aujourd'hui, il compte me faire entrer dans la garde et royale dès que j'aurais quatorze ans.

- Sois patiente, un jour... Un jour tu seras femme Oscar, et personne ne pourras plus en douter.

Sur ceux, Grand-mère embrassa tendrement sa protégée sur le front avant de regagner les cuisines pour s'afférer à la préparation du repas.
André se garda bien de se montrer pendant le reste de la journée et trouva refuge dans l'écurie.
Il regrettait ses paroles, il n'avait pas voulut blesser son amie mais il lui avait semblé logique que les choses se déroulent comme il avait dit. Pour lui, Oscar resterait toujours Oscar, cette force de la nature née dans le corps d'une fille mais qui n'en avait pas le moindre ornement.

Certes, elle possédait une chevelure d'or incroyable, ses traits étaient aussi fins que ceux d'un cygne, mais elle ne pouvait changer et devenir quelqu'un d'autre que celle qu'il avait toujours connu. Elle devait rester son Oscar, et pas se transformer en une femme de la cour qui n'en aurait plus rien à faire de lui. Et pour protéger l'ordre naturel des choses, il l'avait blessé. Elle ne pouvait avoir d'amoureux, elle n'est pas une fille comme les autres.

Oscar avait besoin d'action, de combat à l'épée, de ballades à cheval mais certainement pas d''un empoté d'amoureux qui les sépareraient tous les deux à la première occasion.
Voilà qu'elles étaient les pensées d'un garçon de douze ans lorsqu'il avait surprit sa meilleure amie à fouiller dans les affaires de sa grande sœur à la recherche d'une robe. Mais que lui arrivait-il ? Pourquoi cherchait-elle à ressembler à une fille ? Pourquoi maintenant surtout ? Elle avait vécu onze ans avec l'allure et les manières d'un homme, sans jamais se plaindre...
C'était justement ça clef du problème qui échappait encore au pauvre André.

Oscar avait subi tous les caprices de son père sans jamais protester, elle avait toujours obéit à cet homme qui l'avait fait devenir ce qu'elle n'était pas de nature. Elle avait du s'entraîner jusqu'à ne plus soutenir la douleurs dans ses membres, elle avait condamné toute sensibilité pour devenir le plus fort des hommes, ce qui est assez paradoxale quand on est une femme...
Aujourd'hui, Oscar en avait assez.

Elle était née femme, et elle voulait le redevenir. Surtout pour voir " comment ça fait ". Après tout, nous sommes toujours attirés par ce qu'on ne peut avoir, mais pour Oscar c'était différent. Elle réclamait simplement ce qui lui revenait de droit, avoir la chance de ne pas être une autre que soi-même. Cessez de mentir aux autres et de se mentir à elle même. Aspirer au bonheur, même si elle ne savait pas encore ce qu'était le bonheur pour elle...


Dans les jours qui suivirent, Oscar se montra des plus froide et hostiles avec André qui supportait très mal de ne plus parler avec son amie. Même s'il ne fit plus jamais de commentaire sur ce sujet, Oscar se sentait constamment envahie par la peur que les propos d'André se réalisent. Elle ne voulait pas finir sa vie seule, s'en personne à aimer au près d'elle. Amour... Qu'avait-elle à être obnubilée par cette chose qu'elle ne connaissait que de nom ? Bien sûr, elle savait ce qu'était l'amour maternel, celui de sa mère et de Grand-mère.

Elle ressentait aussi cette sorte d'amour, cette admiration envers son bourreau de père, mais qu'était-ce vraiment que l'amour dont parlent les grandes personnes ? Cela troublait Oscar, la fascinait. Elle voulait savoir, apprendre et connaître ce que certains appellent un art tandis que d'autres le nomment une science. Mais les années passèrent, et face à la fureur du général, Oscar comprit qu'elle ne pourrait jamais caresser l'espoir de redevenir celle qu'elle était au fond d'elle même. Et à travers ça, elle comprit que l'amour ne lui était pas réservé... A quatorze ans comme prévu elle était entrée dans les gardes royales comme capitaine ce qui l'emplissait à la fois de satisfaction et de désespoir. Ravie d'être la fierté de son père et de porter l'honneur de sa famille, cela n'empêche que cette réussite creusait plus encore le faussé qui la séparait de sa condition de femme.

Pensant qu'il serait illusoire de continuer à espérer l'impossible, Oscar grandit en refoulant ses désirs d'une autre vie. S'interdisant à tous sentiments, elle évolua sans jamais faire part de ce qui la tourmentait. Sa relation avec André ne fit que s'aggraver plus encore. Il essaya d'être à son écoute mais l'adolescente jamais ne se confiait, et il dut se contenter de la voir s'embellir un peu plus chaque jour, son coeur meurtri criant silencieusement le malheur dont elle ne pouvait se détacher. Elle finit par se convaincre faussement qu'elle n'avait jamais été destiné à être femme, et qu'il en était mieux ainsi.

Au fils du temps Oscar était résignée à jouer ce rôle qui pesait lourd sur ses épaules toute sa vie, et elle oublia totalement les paroles que lui avait un jour tenu Grand-mère.
Mais ce qu'elle ignorait, c'est que l'impossible était en marche.
Review 30 ans sinon rien...


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