Le premier voeu ...
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Lundi matin 8 heures ...Cuisine des Jarjayes ...
Grand-mère regardait consternée la pile ou plutôt montagne de vaisselle sale dans l'évier. La veille, les cinq filles aînées du Général étaient venues en visite avec maris et enfants. Grand-mère en avait été très heureuse, tout comme le Comte de Jarjayes et sa femme. Cependant, maintenant qu'ils étaient tous rentrés chez eux, il fallait ranger et nettoyer ...
Grand-mère soupira et releva ses manches : « Humph ...Ce garnement m'avait pourtant promis de faire la vaisselle avant d'aller se coucher ... Et bien sûr, Oscar et lui sont déjà partis pour Versailles ! Bon, inutile de marmonner pendant des heures, je n'ai plus qu'à m'y mettre ... Mais que ??? Mais qu'est-ce que c'est que cette saucière ? Ou bien c'est ma mémoire qui me joue des tours , ou bien elle ne fait pas partie de la ménagère ...Enfin passons ... Au point où j'en suis, lavons la avec le reste de l'argenterie ... »
Après une bonne heure et demi de travail acharné, la vaiselle avait disparu de l'évier pour se retrouver soigneusement étalée sur la longue table, les petits plats dans les grands, les assiettes empilées, les couverts triés ...et la saucière ...en attente d'être ...frottée !
Grand-mère , armée d'un chiffon, frottant l'intruse saucière en argent, d'un air songeur : « Une heure perdue ...une heure perdue à récurer et frotter ...Ah mes pauvres mains ...caleuses , tâchées et ridées ...et mes doigts ...mes pauvres doigts qui se crispent de plus en plus souvent ...Ah si seulement je pouvais retrouver ma jeunesse ... »
Soudain, comme la vapeur s'échappant d'une cocotte-minute, un fin nuage de fumée blanche s'échappa du bout de la saucière ... Grand-mère se retrouva bientôt au milieu d'un épais brouillard, elle lâcha la saucière qui lui brûlait à présent les mains ...avant de s'évanouir sur le carrelage froid et dur de la cuisine ...
à suivre ... |