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14 Juillet 1789

"Oscar! On a gagné Oscar! On a gagné!"

Dans les oreilles du commandant victorieux, la voix empli de liesse de son fiancé carillonnait alors que l'on ouvrait enfin les portes de la Bastille. Le nuage de fumée entourant les canons commença à se dissiper, Oscar, sabre en main, le baissa lentement, l'expression figée dans le temps.
Pendant ce temps, Alain marchait en tête fier, le foulard écarlate volant au vent. Les parisiens entraient en rafale dans la Bastille, armés de piques, les idées sanguinaires pleins la tête.
Alors que les gens se précipitaient pour aller au devant de l'avenir, de la Révolution, Oscar restait immobile, droite, pétrifiée sur place. Ses yeux immobiles étaient rivés sur la Bastille qui, lentement, était trempée de sang, dont les murs s'effritaient, qui semblait trembler sous ses yeux, et crier d'une voix suraigu comme si on lui arrachait le coeur.
On la bousculait, elle ne bougeait pas, elle n'arrivait pas à détacher ses yeux de ce massacre, ses joues avaient beau être tâchée de poudre, de sang humain, ses mains écorchées, sa veste en lambeau, elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait de faire.
La prison, entourée de fumée bouillonnait, chaudron qui prévoyait un malheur, mais lequel?!
Il en était arrivé tant d'autres!

"Oscar... Oscar est-ce que ça va?"

André venait de poser une main réconfortante sur son épaule. Elle sursauta, et répondit, impassible, les yeux levés vers les tours:

"Rien... Rien André..."

Un vent de désastre vint soulever ses cheveux blonds, lorsque soudain:

"Ah! V'nez y voir si il fait moins l'fier maintenant!"

Devant les yeux comme poignardés d'Oscar, les révolutionnaires tenait la tête du gouverneur de la Bastille au bout d'un pique...
Le coeur du commandant manqua un battement, et, posant ses deux paumes contre son crâne elle cria comme elle ne l'avait jamais fait:

"AH!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"



Quelques heures plus tard:

Pourquoi... Pourquoi ce terrible pressentiment... Pourquoi avoir la désagréable impression que tous ces carnages ne feront qu'empirer? Pourquoi, en voyant la Bastille s'effondrer, Oscar avait comme le présage qu'en s'effondrant, la Bastille emportait avec elle de nombreux corps... Non, elle n'avait pas l'impression, elle le savait...
La jeune femme se tourna dans son lit. Et dire qu'hier encore, lorsqu'André avait été sauvé de peur, avait échappé à la mort, elle avait cru à l'avenir! Elle avait cru que tout finirait bien! Que l'espoir existait encore! Que l'humanité était sur son droit chemin! Mais non! Chimère! Chimère!!
Oscar serra les poings, et sentit ses yeux lui piquer. Donnant un coup contre le mur de sa chambre, malgré la douleur qui lui pourrissait la main, elle serrait les lèvres et ne disait rien.
Ah! Pourquoi! Pourquoi! Pourquoi ses sens ne la trahissaient ils jamais! Combien n'aurait elle pas donné pour que ses impressions soient fausses! Mais elle avait beau tenter de se convaincre, Oscar savait que tout finirait mal... Au plus mal....
Alors, elle se releva, elle baissa la tête. Que faire?
Le visage d'André lui apparu soudain. André... André... Ô non... Il... Il ne fallait pas que...
Elle saisit son visage entre ses mains. Lui qu'elle aimait tant! Lui qui l'aimait tant! Pourquoi donc devait elle le voir souffrir! Ô non elle ne le permettrait pas! Jamais!
D'un coup, elle repoussa les draps de son lit, et se planta devant la glace. Si quelqu'un devait souffrir, ce serait elle, et personne d'autre.
Elle contempla alors sa figure amaigrie, ses traits vieillis, ses yeux sans éclats, et pensa ironiquement qu'il valait mieux pour André qu'il fut aveugle!
Seuls ses cheveux gardaient leur divine apparence, elle ressemblait à un ange dont la figure aurait été trempée dans un bain d'eau terrestre, tandis que la chevelure restait au Paradis...
Paradis... Paradis qu'elle ne connaîtrait jamais... Jamais...

"Non!!"

D'un mouvement désespéré, Oscar venait de briser le miroir en y lançant un vase dans la glace. Elle regardait à présent, suffocante, les milliers de morceaux qui tombaient au sol, elle sentait son coeur qui battait la chamade, ses yeux qui se mettaient à pleurer, et puis soudain, des mots, des mots qui la firent délirer:

"Non André! Pas lui! Père! Mère! Majesté! Fersen! Alain! Arrêtez! Ma brise de printemps! Pas lui! pas eux! Bernard je vais vous tuer!! Je ne veux pas me marier!! Allez vous faire voir Girodelle! Je vous servirai toute ma vie Madame! Ah!!! Au secours!! Au secours!!!"

Les images lui venaient en même temps que les mots, elle n'en pouvait plus, tout lui martelait la tête, le sol tremblait sous ses pieds, les murs semblaient tourner, la pièce jouer à un jeu pervers, elle perdait peu à peu son équilibre... Les mains enfoncées sur le crâne, Oscar titubait dans la pièce, titubait jusqu'à tomber à genoux, la tête entre les mains, gêmissant, criant, la douleur insurmontable lui tambourinant tout son esprit.

"Je vais devenir folle! Folle! Non! Pourquoi!! Pas maintenant!!"

Après midi, rires, réprimandes d'enfant, adorable dauphine, fringuant étranger, bals, meurtres, duel, chevaux, le soleil illuminant versailles, le soleil irradiant Jarjayes, sa nuit de femme dans sa chambre d'enfant, un corbeau qui lui déchire la main...
Tout semble se succéder dans son esprit comme une suite interminable de tableaux, qui revenait en arrière, puis avançait d'un coup, donnant aux souvenirs une douleur insurmontable. Tout d'un coup, Oscar vit la petite dauphine effondrée dans ses bras, qui se serrait contre elle en sanglotant, puis, la Reine digne à qui elle disait adieu le coeur en sang, tout d'un coup, Oscar vit le petit garçon aux mèches brunes qui la regardait comme si elle eut été un ange, puis l'homme qui lui déchirait sa chemise sans qu'elle ne puisse rien faire, tout d'un coup, Oscar vit son père qui la giflait, puis qui pleurait devant elle... Tout d'un coup... Tout d'un coup...

"AH!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"

La main d'Oscar se mit à chercher quelque chose, à l'aveuglette, hésitante, tremblante, prise de soubresauts. Enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait.... Son pistolet... Il fallait arrêter ces horribles souffrances, ces remords qui ne cessaient de la reprendre depuis qu'elle avait quitté Jarjayes, depuis qu'elle avait dit adieu à Marie Antoinette, depuis qu'elle avait pris le parti de la révolte. Pourquoi donc faut il que tout soit contradictoire!
Elle posa son doigt sur la gachette, et, suffocante murmura:

"C'est... fini...
- Oscar!! Non!!!!"

Se jetant sur elle, André lui arracha son pistolet des mains, et le jeta à l'opposé de la pièce. Aussitôt, dès qu'elle eut sentit l'odeur de son amant, Oscar se jeta dans ses bras en pleurant, s'agrippant désespérément à sa chemise.
L'autre la serra contre lui, ne comprenant en rien à ce qui venait de se passer.

"Oscar... Oscar mon amour comment... comment-as tu...
- Veux tu à boire?
- Comment?!
- Veux tu à boire? redemanda Oscar en se levant d'un bond.
- Mais... Oscar....
- Je t'ai demandé si tu voulais à boire!!!!!!! s'emporta le commandant comme si cette question était fatidique.
- Eu... Et bien... Oui... si tu y tiens...
- Installes toi."

Un peu désemparé, André s'assit alors sur une des chaises de la maison de Bernard. Le mari de Rosalie avait en effet accepté d'herberger Oscar et André durant les premiers jours, surtout depuis la prise de la Bastille, où Oscar s'était effondrée au sol, avec, chose horrible, et effarante, les yeux injectés de sang.
Un médecin avait rassuré André en disant que ce n'était pas grave, mais qu'il fallait surveiller la dame. Un peu réconforté, André avait laissé Oscar se reposer. Mais voici qu'en revenant la voir il la découvrait, pistolet contre le front! C'était vraiment...

"Bois."

Et vlan! Un verre de vin lui fut posé devant ses yeux d'un geste sec. L'ordre était donné avec un tel aplomb, qu'André n'osa pas la contredire, tout en songeant en secouant la tête, qu'elle ne ferait pas une tendre maîtresse de maison...
Plantée devant lui, Oscar attendait, bras croisés. Mais avant qu'il ne prenne la coupe, elle attrapait une cape, la glissait sur ses épaules et déclarait qu'elle allait faire un tour.

"Mais...
- Je sors! Point barre! Et n'oubli pas de boire surtout!"

Alors qu'elle claquait la porte, André portait le verre à ses lèvres. Il but d'un coup, mais aussitôt sentit sa tête se faire lourde... lourde...
En bas de l'immeuble, Oscar contemplait la fenêtre avec deux grands yeux tristes et désespérés. La gorge nouée elle murmura:

"Mon André... Mon Amour... Quand tu te réveilleras... Oui quand tu te réveilleras tu ne sauras plus qui tu es... Et tu m'auras... Oublié... Adieu, donc..."

Elle essuya deux larmes rebelles, puis disparut dans une ruelle sombre, disparut à jamais, tout comme Oscar François de Jarjayes venait de mourir... Mourir, car disparut, comme le disait une certaine lettre qu'elle avait écrite avant qu'André n'arrive....


10 Novembre 1799, 16h30

Le 18 Brumaire, sous le prétexte d'un «complot des terroristes», les deux assemblées des Cinq-Cents et des Anciens sont convaincues de se transporter au château de Saint-Cloud et de confier la garde de Paris à Napoléon, Bonaparte. Trois des cinq Directeurs, Sieyès, Barras et Ducos, démissionnent. Les deux autres, Gohier et Moulin, suspects de sympathies jacobines, sont destitués et arrêtés.

Le lendemain, la troupe boucle le château de Saint-Cloud. Réunis dans la salle de l'Orangerie, les élus des Cinq-Cents se refusent néanmoins à modifier la Constitution comme on le leur demande...

Bonaparte, qui a déjà prononcé une médiocre harangue devant les Anciens, fait de même devant les Cinq-Cents. Sa déplorable prestation est accueillie par des huées et les cris : «À bas le dictateur !»

Violemment pris à partie par les députés et même menacé d'arrestation, il a un moment de faiblesse. Il est sauvé par son frère Lucien qui préside fort opportunément l'assemblée. Celui-ci fait valoir à la troupe que son général et les élus sont menacés d'assassinat. Il demande aux soldats de faire évacuer la salle. Aussitôt, des gardes sortent de tous les recoins, on s'empare des députés résistants, au centre de cette agitation, un petit homme, au visage ingrat et aux cheveux en plumes de corbeau, semble mener le jeu. Il est là, lui et ses discours médiocres, lui et son regard d'aigle, à décider de l'avenir d'un pays d'un geste de la main. Sa voix ébranle, on tremble sous l'intonation. Alors que les alliés du Corse s'emparent des résistants, il lève une main vers un coin de la salle et crie:

"Alensmeister! Dirigez les opérations!"

Sortit de l'ombre un grand homme d'une quarantaine d'années, au visage admirable, dôté d'immenses prunelles claires, à la bouche fine et sensuelle, mais à l'expression dépourvue de toute bonté. Ses cheveux courts, coupés à la sauvageonne, tourbillonne autour du visage en lame de couteau, sa beauté glaciale fait tout aussi peur que le regard du général. Sa stature est haute, il est mince, élancé, la cape sombre coulant le long de son corps, c'est un ange de la Terreur.
D'une voix dure, terrifiante et envoutante il dit:

"Bien mon général."

Et s'engouffra dans la bataille.
Ce que personne ne savait, c'est que le colonel Julius Alensmeister, n'était autre que le fantôme d'Oscar de Jarjayes....

( voilà Lona! Bon j'ai commencé dur, je sais pas si tu vas t'en tirer pour la suite, en cas de problème tu me le dis! Bon pour le nom j'ai pas trouvé mieux dsl^^)
Review Le Corse, la brute, et la traitresse


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