CLEROSYA
DANOV

Trilogie
Première partie :
Une destinée dangereuse
ELSA
PROLOGUE
Bienvenue en Limanie, le pays encore inconnu des blows. Dans cette immense terre de magie se situe la plus magnifique île du monde : Ilbo. Dans la capitale Guimée, il se déroule des événements très étranges…
En un joli mois de juillet tout ensoleillé de l’année 1802, Kamon, le roi des Limaniens s’aperçoit qu’il existe une famille dans la capitale dont chaque membre est sorcier qui aurait des pouvoirs plus puissants que tous les rois de la planète réunis.
Malheureusement pour eux, les Danov avaient réellement des pouvoirs plus grands que ceux de Kamon, le plus célèbre magicien de tous les temps. Furieux d’être rabaissé au statut de « simple » sorcier, Kamon décida d’éliminer tous les Danov existants afin que la famille royale regagne son importance et sa puissance sur le royaume de Limanie…
« Tous les Danov doivent périr ! » Telle était la volonté du grand Kamon Sérus. Alors, après avoir appris la nouvelle que leur réservait le roi, les Danov entreprirent de fuir le pays pour trouver la paix ailleurs. Mais avant la fin du mois, tous les Danov furent retrouvés et exécutés les uns après les autres.
Vraiment tous ?...
.1.
Un étrange cadeau
« Attrapez-la ! »
Moonda Danov courut vers l’impasse de droite et jeta un nouveau coup d’œil derrière elle. Les gnomes la poursuivaient toujours. Cela faisait plus d’une demi-heure qu’elle dévalait les chemins, les rues, les boulevards de Bruxelles.
Ces bêtes sur leurs chevaux noirs, ailés, envoyés par Lib Sérus, le nouveau roi de Limanie pour la tuer, flottaient dans les airs avec leurs montures et se précipitaient sur elle. Ces serviteurs du mal avaient exécuté Doka, le mari de la jeune sorcière il y avait à peine trois jours après qu’il ait mené sa femme et sa fille en Belgique. Doka était un courageux sorcier, aux valeurs morales exemplaires, il ne méritait vraiment pas ce qui lui était arrivé.
Pourquoi la haine et la jalousie entraînaient la folie et la fureur chez certaines personnes ? Pour la vingtième fois depuis le début de la poursuite, Moonda disparut pour se transporter dix bons mètres plus loin au coin d’une résidence aussi sombre que le ciel, à cette heure-ci de la nuit. Une villa tout de même était éclairée par deux lampions qui reflétaient une lueur douce et claire sur les marches du perron devant la porte.
La jeune sorcière fit apparaître un panier et déposa sa fille, son bébé à l’intérieur. Moonda embrassa tendrement son enfant et, en entendant les gnomes se rapprocher dans un fracas indescriptible, plaça délicatement le berceau devant la porte d’entrée de la maison et se hâta de déguerpir, les méchants sur les talons.
Dans le quartier de « Vallée noire » qui s’était apaisé, on entendait uniquement les cris d’un nouveau né, comme si, une minute avant rien ne s’était produit. Les blows n’avaient visiblement rien entendu d’anormal dans l’obscurité tardive de la soirée. La jeune enfant n’était pas devant n’importe quelle maison de la ville, mais chez le jeune couple Herming, celui qui désirait plus que tout avoir un bébé mais en était condamné… Sur leur palier, enveloppé dans une couverture sous laquelle se trouvait une lettre, un nourrisson dans un panier pleurait, l’enfant tant désiré, la fille de Moonda et Doka Danov...
Justine Herming installée sur le sofa pourpre du salon tendit la lettre à son époux, elle n’était pas vraiment certaine de tout comprendre, mais elle savait que ce bébé devait être sien, c’était la chance de sa vie. Lorsque Mason eut terminé sa lecture, elle l’interrogea du regard, encore déconcertée par l’annonce qu’elle venait d’apprendre.
Le jeune homme glissa ses doigts dans ses cheveux d’ébène en signe de réflexion, puis il inspira un grand bol d’air et déclara en souriant :
- Cette enfant est un don du ciel, nous ferons de notre mieux pour qu’elle soit heureuse et qu’elle ne manque de rien dans cette maison.
- Quoi qu’il advienne et peu importe d’où elle provient et ce qu’elle est, elle sera toujours notre petite fille, renchérit Justine, ravie d’entendre des mots convainquant de la part de son mari.
Ils posèrent encore un regard attendri sur le petit être endormi dans ce panier d’osier, le poing fermé laissant deviner qu’il dormait profondément. Personne ne pourrait refuser un enfant comme elle, elle était douce et chétive, elle avait l’air si fragile que ses nouveaux parents se contentèrent de l’admirer encore plusieurs minutes avant d’aller se coucher.
Madame Herming préparait le dîner pour son mari et leur fille adoptive Clérosya. Justine Herming afficha un large sourire lorsque cette dernière pénétra dans la cuisine. A seize ans, la jeune fille possédait la maturité d’une adulte. Elle était si jolie avec ses longues boucles blondes qui tombaient au creux de ses reins. Sa belle bouche pulpeuse formait un cœur et ses grands yeux jades, d’une clarté parfaite offraient à Clérosya une beauté et une chance de la nature exceptionnelle pour son jeune âge. Même son caractère était unique ; si calme, si gentille, et tellement généreuse…
Le joli visage de l’adolescente se tourna vers Justine.
- Maman, puis-je t’aider ? demanda t-elle de son habituelle voix douce en s’approchant d’elle avec légèreté.
- Non, mais merci de le proposer, ma chérie, gratifia Madame Herming.
Mason entra dans la pièce avec grand fracas. Lorsqu’elle l’aperçut, la jeune fille sauta au cou de son père et le couvrit de baisers…
- Tout va bien papa ? demanda Clérosya, le libérant se son étreinte.
- Ah, ma fille si tu savais ! Le responsable est un monstre de la pire espèce, je ne connais personne de plus odieux !
Mason Herming s’approcha de son épouse pour l’embrasser et lui raconter sa dure journée. Encore une querelle avec Julian Serbeaux et pas des moindres ! Tout en écoutant son père narrer l’insupportable après-midi qu’il venait de subir, Clérosya observa ses parents. La différence était importante et flagrante par rapport à elle.
Les Herming avaient de beaux cheveux très bruns contrairement à ceux de leur fille, et de petits yeux noirs. Seules les manières de Justine étaient semblables à celles de Clérosya. Semblables mais pas identiques.
C’est eux qui lui avait tout appris, le savoir faire ménager, l’éducation et les normes de caractère à posséder, mais Clérosya bien qu’excellente élève, demeurait malgré elle très différente de ce qu’ils avaient prévu. Lorsqu’elle avait huit ans, cette dernière remarqua ce genre de contrastes et Mason lui avait expliqué qu’elle avait été adoptée. Etrangement, contre toute attente, la fillette avait très vite accepté la chose. Clérosya se savait en sécurité avec ses parents adoptifs et elle était heureuse. Jamais elle n’avait manqué de quoi que ce soit et elle ne causait aucun ennui, enfin, presque…
Le jour de son douzième anniversaire, la jeune enfant dans un geste innocent avait fait apparaître des bougies dans toute la maison, et le gâteau avant d’être partagé fit un vol plané en flottant dans les airs avant de s’écrouler sur le sol carrelé. Clérosya en avait pleuré plus d’une semaine où elle fut inconsolable. Au cours du temps, il s’était reproduit des événements de ce genre. Rien que par la pensée des objets se déplaçaient, s’envolaient, des étoiles apparaissaient en pleine journée, de la neige en plein été, et même un jour, Clérosya était devenue invisible (sans savoir comment) durant un bon quart d’heure qui fut le plus angoissant de toute son existence, la jeune fille s’était demandé à plusieurs reprises pourquoi elle était capable de provoquer de telles situations et surtout par quels moyens.
Justine trouvait toujours une excuse à ce genre d’événements et Mason semblait trouver cela normal. Alors, Clérosya qui avait confiance en ses parents tentait de ne pas tenir compte de cette différence qui la faisait souffrir. Comme le lui conseillait souvent Justine, il fallait oublier.
Oublier…
- A quoi songes-tu, chérie ? Interrogea Mason perturbé par la passivité de sa fille, après avoir cessé de pester sur le compte de son chef.
Oublier…
- Oh, à rien, j’avais seulement la tête ailleurs, papa.
Le vingt et un avril était un jour important ; l’anniversaire de Clérosya. Aujourd’hui elle faisait dix-sept ans. La villa était parfaitement décorée. Tous les amis de la jeune fille étaient invités. La veille au soir, Clérosya avait prié le ciel pour qu’aucun incident ne survienne, et jusqu’à présent la fête était réussie.
Dahlia Laurence avait félicité son amie pour la réussite de sa boom et James Lane (le plus beau garçon du lycée) l’avait complimenté sur sa tenue. En effet, la jeune fille avait revêtu un petit dos nu sensuel et un pantalon moulant assorti. Jusqu’ici tout se passait bien. Trop bien peut-être… Car vers dix-huit heures environ, on sonna à la porte. Clérosya à cause de la musique bruyante n’avait rien entendu, mais Justine s’approcha de la fenêtre, chargée de s’occuper de l’accueil des convives, elle s’y été attendue.
Un jeune adolescent blond aux yeux clairs se trouvait à la porte, un cadeau enrubanné dans du papier brillant sous le bras. Il portait une ample chemise bleue à moitié déboutonnée qui laissait découvrir sa poitrine musclée et la fine toison claire qui errait dessus. Dans son jeans serré, le jeune inconnu à la carrure d’athlète attendit un instant, puis, comme personne ne lui ouvrit, il sortit un stylo de sa poche. Il semblait à Justine l’avoir aperçu quelque part, son visage lui était familier…
Justine interpella sa fille.
- Clerry, encore un invité ! Mais qui est ce garçon ? Je ne l’ai jamais remarqué dans les parages… Un jeune homme si beau je l’aurais gardé en mémoire !
Clérosya s’éloigna du bruit, de la musique et des cris pour accueillir l’inconnu. « Un superbe blond » avait décrit Madame Herming. Elle ne connaissait aucun garçon concernant l’annonce de sa mère, en fait elle ne connaissait presque pas de garçons dans son entourage et les seuls qu’elle fréquentait étaient déjà tous arrivés depuis longtemps pour participer à la fête…
La jeune fille ouvrit la porte, il n’y avait personne dehors ; on ne distinguait rien dans l’obscurité qui commençait à apparaître. Les lampions devant le perron brillaient plus que jamais, mais au loin, la vision était trop sombre pour pouvoir apercevoir quelque chose. Clérosya sortit de chez elle, fit quelques pas dans le jardin et atteignit le portail ouvert. Sur le trottoir, la jeune fille scruta chaque centimètre de la rue déserte. Rien ne laissait croire que quelqu’un fusse passé par ici peu auparavant, Justine avait dût se tromper, tout ceci était vraiment étrange mais comme elle avait décidé que cette soirée serait parfaite, elle choisit de ne pas faire attention à cet événement. Clérosya haussa les épaules et retourna vers le bruit des festivités qu’elle avait organisé.
Elle traversa de nouveau le jardin, avança jusqu’aux marches d’escalier menant au perron de la villa et trébucha sur le palier. Un peu remise de sa chute, la jeune fille se mit à la recherche de ce qui l’avait fait tomber. Dans l’herbe, un peu plus loin, quelque chose scintillait. Intriguée, Clérosya s’approcha du paquet brillant, elle le saisit doucement et prudemment. Après un second coup d’œil aux alentours, la jeune fille emporta son présent à l’intérieur…
Depuis plus d’une heure, (après le départ de tous ses invités) Clérosya, allongée sur son lit à plat ventre, resongeait à ce qui s’était passé. Pleins de questions envahissaient son esprit : qui était ce mystérieux garçon qui lui offrait des cadeaux sans la connaître ? Pourquoi sur la lettre accrochée au paquet était signalé qu’il ne fallait ouvrir la surprise qu’une fois qu’elle serait seule ? Que se trouvait-il dans la boite de si important ? La seule solution était sûrement de déballer le cadeau, mais pourtant Clérosya hésitait. Mais pourquoi ?
Elle se décida enfin, elle se leva de ses draps, traversa la chambre pour atteindre l’objet posé sur le bureau. Mason entra dans la pièce à cet instant.
- Ca y est Clerry, tu as ouvert le cadeau de l’inconnu ? interrogea t-il d’une voix tremblante qu’il tentait pourtant vainement de rendre sobre.
La jeune fille secoua la tête en signe négatif, étonnée du trouble de son père.
- Non, mais j’allais justement le faire ! expliqua t-elle.
- Très bien, je te laisse, fais-moi signe lorsque tu voudras bien descendre pour dîner ma puce, ok ? fit-il en sortant de la pièce.
La jeune fille saisit le papier rose et scintillant qui recouvrait le paquet, et tira dessus pour détacher le ruban. Le contenu était vraiment surprenant ; dans une grosse boîte transparente impossible à ouvrir, se trouvait une lettre cachetée, sur la couverture étaient gravées les inscriptions suivantes : « Pour Clérosya Danov » en lettres argentées.
La jeune sorcière fronça les sourcils. D’un geste instinctif elle retourna la boîte et pressa le couvercle. L’enveloppe se détacha de son socle et, à peine Clérosya s’en empara que la lettre se décacheta automatiquement, les mots écrits sur la couverture venaient de s’illuminer et la boîte se referma toute seule sous le regard ébahit de la jeune fille. Clérosya glissa ses doigts à l’intérieur de l’enveloppe pour en sortir une lettre rose à l’écriture dorée… |