Auteur : Eon Hits : 3235
Lady Oscar > Drame > La Rose de la Révolution >
La lame était là, tranchante et aiguisée, menaçante dans la clarté du petit matin... Nous sommes le 16 octobre 1793 à 10h du matin, on vient de conduire Marie Antoinette, veuve Capet, à la guillotine. La tête droite, elle est fière, malgré ses cheveux grossièrement coupés, et sa robe de lin qui ne l'avantage point... Silence sur son passage... Nulles insultes ni inconvenances, c'est presque un respect total qui l'accueil devant Sançon, le bourreau de la République... Robespierre enrage... Comment?! Cette autrichienne, malgré son procès, malgré les pamphlets, les scandales et la fuite à Varennes, continu donc à avoir du pouvoir sur les gens?! Comment est-ce possible?! Y aurait il quelque chose qui lui échappait?
Quelle est cette chose qui a fait succomber toutes les personnes qui la rencontraient? Même Mirabeau, Barnave, ces révolutionnaires aguéris, sont tombés sous son charme! Mais Robespierre ne voit pas... Il est aveugle à l'amour, il n'aime que le pouvoir, et la morale... Les plaisirs de la chair, la beauté de la nature humaine ne lui font aucun effet, et voir ses compatriotes, ses alliés, faire silence, retirer leurs chapeau et parfois même laisser couler une larme pour cette ennemie de la nation, ça, il ne peut le supporter!!!!
Alors qu'à une fenêtre, un révolutionnaire de la nature de Robespierre esquissait une caricature de la Reine, Maximilien de Robespierre charge un soldat d'insulter la Reine durant tout le trajet, jusqu'à ce que le peuple se range du côté de la propagande, et que cette orgueilleuse Autrichienne s'effarouche!!
Mais le plan tombe à l'eau... David a terminé son croquis, le peuple garde le silence, Marie Antoinette sa dignité, et Robespierre reste ébahis devant cette force de caractère, qui n'était en fait que le résultat d'un désespoir, et d'abandon... Elle n'avait nulle envie de se débattre... Qu'importe si elle mourrait, elle aurait fait ce qu'elle avait cru bon...
Cette Madame Scandale aux cheveux blancs, aux yeux bleus rougis par les larmes et le manque de sommeil, sent son coeur battre à la pensée de sa première arrivée dans la capitale, où tout semblait heureux, où tout lui souriait, qu'elle n'était qu'insouciance et légèreté... Seigneur, elle avait hâte que son calvaire prenne fin, que ces souvenirs de bonheur cessent de la hanter, que l'image de son cher colonel en ces jours de liesse disparaisse, que le sourire de son mari lui soit retirer, que la douceur de ses enfants ne soient plus que glace sur son corps, et que sa gorge cesse de se nouer en pensant au jeune comte suédois à qui elle avait voué son âme...
Son univers de ces jours de Terreur n'était que mort... Elle était seule... Son mari avait été tué sous des éclats de voix qui tuent comme du verre à les entendre... Lamballe, sa chère Lamballe eut la tête arrachée, et amenée jusqu'à chez elle... Louis Joseph est mort avant d'avoir connu ces malheurs, tant mieux... Et Oscar... Oscar... Oh, elle avait cru mourir en apprenant sa mort... Son monde d'autrefois s'était à jamais effondré avec elle... Elle revoyait encore ce visage ciselé par Athéna et Vénus, son sourire enchanteur, ses cheveux de l'Olympe et son allure altière... Son seul réconfort, son seul lien avec Fersen... Fersen, qui l'avait connu aussi.... Elle n'avait plus eu de nouvelles de Fersen depuis la guerre d'Indépendance, cela la rongea durant toutes ces années, et elle n'arrivait à se calmer qu'en présence de son colonel... Maintenant...
Maintenant elle était arrivée... Sançon, cet être aux sourcils droits et à la figure du diable se tenait devant elle. Un souffle de vent glacial vint soulever un filet de sa robe de lin, elle leva dignement le menton, puis s'avança avec hâte vers la guillotine... Il fallait en finir, c'était trop de souffrances en une seule vie...
Au passage, elle écrasa les pieds du bourreau qui grimaça de douleur. Relevant un visage aux yeux en frimas, elle murmura:


"Pardon..."


Ce si beau mot qui voulait tout dire... Pardon... Saint Juste était là, aux côté de Robespierre... Il serra les poings lorsqu'il entendit cette voix prise par les larmes qui refusaient de couler, et comme tout les sentiments de la Reine, descendaient en ses entrailles pour ne jamais être montrées... Saint Juste, le beau Saint Juste... Avec son visage d'ange mais son âme diabolique, ne pouvait s'empêcher de pleurer intérieurement devant la fin de celle qui était autrefois reine de France... Même à présent elle gardait cette dignité qui n'était attribuée qu'aux plus grands, aux plus méritants... Il avait honte, terriblement honte de l'avoir ainsi amenée à la guillotine, comme une meurtrière... D'ailleurs, elle lui rappelait étrangement Thérèse Gellée, l'amour de sa jeunesse... Cette jolie créature blonde aux yeux bleus, que le père lui avait refusé à cause de sa classe sociale... Il avait l'impression de perdre une nouvelle fois Thérèse, et cela lui était insupportable...
Lorsqu'on saisit la nuque de Marie Antoinette, il détourna la tête, mais il n'entendit pas le son de la lame tranchant la gorge de la digne fille de Marie Thérèse, ce fut plutôt un brouhaha qui s'élevait place de la Concorde (ancienne place Louis XV). Des hommes masqués fondaient la foule et un cri s'éleva d'un coup:


"Lâchez là!! Nous sommes armés!!!!"
Review La Rose de la Révolution


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