« Le « Kamui » dragon de la Terre m’a dit que moi seul pouvait exaucer ton vœu. »
Un silence se fit
-« Il m’a également dit que ton vœu était différent que ce à quoi je pensais. Ton vœu est-il de me tuer, Subaru ? », termina Seishiro, un sourire presque doux aux lèvres.
-« Non. », répondit simplement Subaru, plantant son regard dans celui du sakurazukamori.
Ce dernier lui sourit, et, d’un geste de la main, déclencha une douce pluie de pétales de cerisiers. Des branches surgirent brusquement, emprisonnant complètement l’héritier du clan Suméragi.
Subaru eut un sourire triste. Il se coupa un doigt, faisant perler une goutte de sang et murmura :
-« C’est inutile, Seishiro, je suis resté prisonnier du cerisier depuis ce jour… »
Et la branche céda sous la puissance de la magie qu’il avait libérée par l’offrande de son sang.
Il s’élança vers Seishiro qui le stoppa d’un geste, l’emprisonnant de son regard glaçé, rendant Subaru incapable d’un seul mouvement. Un sourire presque tendre se dessina sur les lèvres de l’assassin lorsqu’il prépara son geste fatal.
-« NON ! »
Kamui venait de repousser violemment Seishiro en hurlant son refus.
Subaru regarda son ami, éberlué.
Celui-ci, essouflé, les regardaient l’un l’autre avec une fureur non dissimulée.
-« Tu ne peux pas te laissé tuer, Subaru ! Non ! Je ne peux pas l’accepter », gronda le jeune homme, « Et TOI, Sakurazukamori! Comment peux-tu ? Sachant…. Comment peux-tu ? »
Seishiro épousseta négligemment son pardessus.
-« Sachant quoi ? », demanda-t-il enfin, l’air tout aussi intéressé que si Kamui lui parlait de la pluie et du beau temps. Il était visiblement agacé de son interruption.
-« Qu’il.. », commença Kamui, rageur.
-« Laisses ! Kamui. ».
Subaru avait stoppé nette la réponse que s’apprêtait à faire son ami. Il regarda Seishiro, un désespoir profond se lisait dans ses yeux. Il le fixait, comme s’il cherchait à graver chacun des traits de l’assassin, celui en lequel il avait eu le plus « confiance » autrefois, celui qui était « spécial » pour lui….. Il le fixait comme s’il ne connaissait pas, déjà, chacun des traits de son visage, comme si…
-« Le « Kamui » dragon de la Terre ne t’a pas menti », dit-il enfin dune voix rendue rauque par l’émotion.
Seishiro le regardait toujours, un sourcil relevé, exprimant l’interrogation amusée, mais le sourire restait ironique.
-« Ton souhait est-il donc de me faire subir ma vie durant la même souffrance que tu endrures », laissa-t-il tomber, méprisant, « Tu sais que c’est impossible !» .
Ces derniers mots tombèrent comme un claquement.
Un bruit de pas, léger, se fait entendre au loin. La silhouette n’était pas encore perceptible, du fait que la poussière due au combat, virevoltait autour d’eux.
Subaru eut un hoquet de souffrance, aux mots de Seishiro. Kamui voulut prendre son ami dans ses bras, sachant combien Subaru devait être blessé par la réponse du sakurazukamori, mais Subaru le repoussa gentiment… mais fermement.
Il détourna son regard vers le cerisier à quelques mètres de là, et dont les pétales voletaient vers eux, sentant le regard, brûlant, de son gardien sur lui.
-« Seishiro… S’il y avait une chance pour que tu ressentes la souffrance que j’éprouve à t’aimer….car je … t’aime…. comme seul un damné pourrait le faire, toi, qui a tué Hokuto et m’a presque tué moi-même... Si tu ressentais cette souffrance, cela signifierait que tu m’aimes… au moins un peu, et je serai alors si près du bonheur que je crois que j’en mourrai. Mais tu le disais toi-même.. », il eut un rire triste qui fit mal à Kamui, « tu ne peux éprouver aucun sentiment… aucun… Quel étrange amour que le mien, non, Kamui ? Vouloir être aimé de son assassin et espérer mourir de sa main, quel hérésie ! »
Les épaules de Subaru tremblèrent légèrement sous les sanglots qu’il tentait de toute ses forces d’étouffer.
S’il avait regardé Seishiro, il aurait vu le regard quasiment insoutenable dont celui-ci l’enveloppait. On le voyait près à bondir sur Subaru. Pour le tuer? Pour l’emporter ? Pour le broyer et étouffer les mots qu’il venait d’entendre ? Pour l’aimer ? Nul n’aurait pu répondre en dehors e lui même et de celui qui venait de s’interposer entre le sakurazukamori et sa victime, lui bloquant le passage.
-« Fuma ! », s’exclama Kamui douloureusement, mais avec une joie qu’il ne parvenait toujours pas à repousser, chaque fois qu’il revoyait le jeune homme.
Seishiro jeta un regard glacé au « Kamui » dragon de la Terre. Celui-ci le regarda, sourit de ce sourire de gosse qu’il avait parfois, et libérant la voie menant vers Subaru, se tourna vers Kamui, lui entoura les épaules d’un bras et l’attira contre lui.
-« Regardes », chuchota-t-il.
Les pétales de cerisier semblaient se concentrer autour de Subaru. Ce dernier, toujours la tête baissée, plongé certainement dans les souvenirs des heures trop courtes de son bonheur passé, attendait la mort qui ne saurait tarder.
Le sakurazukamori fit un pas en direction de sa victime… Puis un deuxième. Son visage était indéchiffrable, un masque de froideur.
Lorsqu’il fut juste derrière Subaru, celui-ci releva la tête , sentit le souffle de son assassin sur son cou.
-« Seishiro… », murmura Subaru.
Il sentit soudain deux lèvres se poser sur son cou. Il gémit et ne peut retenir les larmes qui le prirent en sentant cette ultime caresse.
Les bras de Seishiro l’entourèrent et il entendit « Subaru », murmuré doucement à son oreille.
Il agrippa les bras du sakurazukamori, renforçant son étreinte autour de lui. Ce dernier enfoui son visage dans le creux de l’épaule d’un Subaru extatique et y déposa un nouveau baiser.
Son étreinte se resserra à nouveau . Subaru attendait la mort avec joie à présent. Seishiro lui avait offert ces quelques instants de bonheur, mais cela ne durerait pas….
Seishiro le retourna vivement, et saisit son visage d’une de ses mains, plaquant le corps de Subaru contre lui de l’autre.
-« Subaru kun », murmura-t-il, terminant cette dernière syllabe sur les lèvres frémissantes du jeune homme.
Kamui sentit l’étreinte de Fuma se resserrer, son dos écrasé par le torse puissant de son ami. Il sentit Fuma soupirer contre son cou
-« Tout pourait être si simple… », murmura le dragon de la Terre.
Dune main, il encercla tendrement le visage de Kamui, le tournant doucement vers lui. Il contempla avec tristesse le beau visage qui le regardait avec tant d’espérance.
-« Fuma… »
-« Kamui …»
Fuma pencha lentement son visage vers celui bouleversé de Kamui, et tendrement, aposa ses lèvres sur celles du dragon du ciel.
Cet instant leur sembla durer des heures, ou quelques secondes ? Ils n’auraient su le dire. Fuma s’arracha doucement à l’appel de ce baiser et, relachant Kamui, s’éloigna de quelques pas, cachant son visage des ses mains.
-« Fuma… », murmura Kamui, encore troublé par ce qui venait de se passer et esquissant un pas en direction du dragon de la Terre que celui stoppa d’un geste.
-« Je suis « Kamui », Fuma n’existe pas ! », jeta Fuma, le visage toujours dissimulé.
Kamui le regarda, interdit. Une expression de souffrance indicible s’était inscrite sur ses traits en entendant ces paroles.
-« Seishiro ?», demanda sèchement le dragon de la Terre
Le sakurazukamori détacha ses lèvres de celles de Subaru, mais, gardant enlacé ce dernier, regarda Fuma d’un air ironique.
-« Le destin de la Terre ne m’intéresse pas, « Kamui » … J’ai trouvé ce que je pensais être incapable de trouver. L’issue de cette bataille ne fait aucun doute pour moi… ».
Il tourna son visage vers celui, rayonnant de Subaru.
-« Je veux passer le temps qu’il me reste auprès de mon petit Subaru »
Ce dernier sourit en entendant ces mots, écho des moments de bonheur revenus à présent.
-« Je veux mettre un nom sur ce que je ressens à présent. Et ce nom a un nom et un visage… : Subaru »
Il lui fit un clin d’œil complice, déposa un dernier baiser sur le front de son amour et une pluie de pétales de cerisier les enveloppa, jusqu’à les masquer complètement. Et tout aussi soudainement, il n’y eu plus rien. Plus rien que Fuma et Kamui.
Ce dernier regardait l’endroit où s’étaient tenus le sakurazukamori et sa proie avec envie. Il ne vit pas le regarde de Fuma, le fixant intensément avec désespoir et rage.
Lorsqu’il regarda à nouveau dans sa direction, il vit Fuma qui s’éloignait.
-« A bientôt, Kamui… Ce jeu était « intéressant », mais je préfère que nous reprenions mon jeu préféré la prochaine fois ! Et je gouterai ton sang, cette fois, Kamui, car la prochaine fois… je te tuerai ! »
Fin |