Un soleil radieux éclaire le jardin des Jarjayes, le printemps c’était désormais bien installé et tirait doucement vers l’été. Derrière les cuisines de la maison, André ramassait tranquillement les draps qui venaient de sécher et voletaient autour de lui. Fredonnant une chanson en souriant, rien ne semblait pouvoir nuire à ce jeune homme âgé maintenant de 17 ans. Finissant de remplir sa corbeille de draps, il se dirigea ensuite vers Aurore, une autre domestique l’aidant dans sa tâche. Se glissant sans bruit derrière elle, il lui posa brusquement ses mains sur les épaules :
-Bouh !!!
-André !!! Sursauta la jeune fille. Idiot tu m’as fait peur.
-C’était le but figure toi. Sourit-il.
-T’es vraiment un gamin.
-Jeune d’esprit et fier de l’être.
-Tu n’es pas avec le maître aujourd’hui ?
-Non. Oscar ne passe que la matinée à Versailles alors je suis resté au château. En plus Grand-mère a besoin de moi ici.
-C’est vrai que je suis trop petite pour ramasser le linge seule. Ria la jeune femme.
-André, Aurore !!! Vous n’êtes pas là pour feignanter !!!!
-Oui Grand-mère !! Lui répondirent les deux jeunes gens.
-Qu’est-ce qu’elle peut être rabat-joie.
-André !!! Un peu de respect pour ta grand-mère s’il te plaît.
-Tu as raison. Bon on y va ?
Reprenant leurs corbeilles, ils retournèrent un peu plus loin ramasser d’autres draps sous le regard vigilant de Grand-mère :
-Incapables d’être sérieux c’est deux là !!!! Sourit-elle.
S’arrêtant deux minutes, la vieille femme s’appuya sur le rebord de sa fenêtre pour regarder son petit-fils. Dieu qu’elle l’aimait ce chenapan, ils étaient tout l’un pour l’autre, elle était sa famille et il était la sienne. Enfin, une jolie frimousse blonde était entrée dans leur famille voilà bien des années. Une petite-fille pour elle, une sœur pour lui. Quoique… une sœur, Grand-mère en doutait de plus en plus, le regard de son petit fils envers son jeune « maître » étant de plus en plus ambiguë depuis plusieurs années. La vieille femme se mit à rêver ; elle se revoyait bien des années avant avec son mari, puis son fils avec sa belle-fille, comme elle espérait un jour voir son seul petit-fils avec une jeune femme. Elle rêvait de le voir avec sa « petite-fille » même si elle savait que cela était impossible, le maître ne le permettant jamais. Mais que diable !!! Le chef de maison ne lui refusait rien et l’amour ne se dissipait pas facilement !!! C’était décidé, Marron Glacé ferait tout pour qu’André finisse ses jours avec Oscar !!! Et foi de Grand-mère, elle y arriverait, devrait-elle utiliser sa plus lourde louche !!!
En parlant d’Oscar, le regard de Grand-mère fût attiré par de longs cheveux blonds. Oscar rentrait de Versailles, elle pourrait appliquer son plan dès aujourd’hui : mettre ensemble ses deux chenapans
-Parfait !!! Grand-mère jubilait, elle se retourna de nouveau vers André.
Oscar, quand a elle, cherchait également le grand brun des yeux. Sa journée finit, elle espérait bien ferrailler avec lui et profiter un peu de sa présence. Il lui avait manqué durant cette matinée. Le regard azur aperçut alors l’être recherché en train de rentrer le linge en compagnie d’une servante.
André ne se doutant de rien continuait son travail quand une tape sur l’épaule l’interrompit :
-C’est toi le chat !!! S’écria Aurore.
-Quoi ?
-Tu es le chat. Ria la jeune fille.
-Ah oui ? Et bien pas pour longtemps !!!
André et Aurore se lancèrent dans une partie de cache-cache et de chat dans les draps sous le regard amusée de Grand-mère.
-Ils retombent en enfance ces deux-là.
Et en effet, les deux jeunes s’amusaient comme des gamins :
-Tu ne m’attraperas pas !!!
-C’est ce qu’on va voir !!!
André enveloppa Aurore dans un drap et réussit à la maintenir contre lui :
-J’ai gagné !!!
-Tricheur !!!
André lui sourit tendrement. Le soleil brillant et l’ambiance régnante lui faisaient pousser des ailes, il avait de nouveau l’impression d’être un enfant libéré de tous ses soucis, et il voulait que ça dure.
-Bon tu me lâches maintenant André ?
-Certainement pas. Assura-t-il d’un ton faussement hautain.
-Ah oui ?
-Oui.
-Et bien tu l’auras voulu !!!!
S’appuyant sur le rebord d’une corbeille, Aurore sauta en l’air en envoyant tout son poids sur André qui, chancelant en arrière, trébucha sur une corbeille de linge et tomba avec Aurore.
-Non mais c’est pas juste !!!! S’indigna André.
-Tu l’as pas volé !!! S’amusa Aurore.
-J’exige réparation.
-Du style ? Lui demanda ironiquement Aurore en se relevant.
André ayant eu la même idée, la collision frontale fût inévitable.
-Aïe !!
-Aouch !! Ça va Aur…
Se retournant, André ne vit pas qu’Aurore levait la tête au même moment et se rendit compte de la situation qu’en enlevant ses lèvres de celles de la jeune fille.
-André… je… je suis désolée… je ne voulais pas… bredouilla Aurore, toute rouge.
-Non… ne t’excuses pas… c’est ma faute si… bafouilla André
Tout deux se regardèrent. Aurore avait embrassée André, tout deux savaient bien que la « faute » venait d’elle, même si ce n’était pas volontaire.
-Je suis vraiment désolée. S’excusa Aurore.
-C’est rien voyons.
-Mais si enfin… je… je…….
-Aurore ne t’excuses pas ce n’est pas la peine, tu ne l’as pas fait exprès. Tenta de la rassurer André.
-Mais quand même.
-Aurore.
André saisit la jeune femme à la nuque et l’attira à lui. Simplement, il déposa ses lèvres sur celles d’Aurore, surprise mais ce laissant faire.
-On est quittes maintenant. Déclara André en s’éloignant.
Aurore, le regarda, tout d’abord étonnée, puis lui sourit. André lui rendit son sourire puis doucement les jeunes gens se rapprochèrent et s’embrassèrent profondément et longuement.
-L’affaire est close alors ? Demanda Aurore après le baiser.
-Cela me convient. Lui sourit André.
Celui-ci la lâcha et les jeunes gens se saisirent chacun d’une corbeille de linge qu’ils emmenèrent dans la penderie, se souriant et se regardant avec complicité et en pouffant de rire comme des enfants… le tout sous le regard de Grand-mère et d’Oscar qui, ayant regarder la scène de loin, les regardèrent s’éloigner, éberluées.
A SUIVRE
(ce chapitre est de mégalo ^^) |