Auteur : hermes Hits : 4083
Lady Oscar > Action/Aventure > Arlequinade >
(Hello! Me revoilà avec une nouvelle fic, complètement tirée par les cheveux, qui devrait vous en rappeler certaines autres. Néanmoins, j'avais quand même envie de l'écrire. Je reprends en fait une idée que Kyo avait abordée dans l'une de ses fics abandonnées. l'histoire ne sera pas la même.
J'espère qu'elle sera intéressante.
Bonne lecture!)



« Attends-moi là, André. Je pense en avoir pour un moment. Inutile de te laisser patienter dans le couloir alors qu’il fait un temps superbe dehors.
- Très bien Oscar ! »

Docilement, le jeune homme, saisissant les rênes de sa monture, attendit que la jeune colonelle descende avant de la mener, en compagnie de la sienne, se désaltérer de la longue course qu’elle venait de faire.

Oscar le regarda s’éloigner. Puis, gravissant les dernières marches qui menaient jusqu’au perron, elle se fit annoncer au Duc de Broglie.

Une mission urgente, d’après ce qu’elle avait cru comprendre en lisant le message que le courrier lui avait fait parvenir le matin même.

Vérifiant une dernière fois la bonne ordonnance de sa tenue, elle suivit d’un pas ferme le valet qui était revenu la chercher pour la mener à son supérieur.

« Bonjour, Colonel de Jarjayes. Entrez donc, je vous en prie ! »

Le ton était grave, la mine soucieuse… Visiblement, il ne s’agissait pas d’une mince affaire.

« Bonjour, Monsieur. Mes respects. 
- Comment se porte Monsieur votre père ?
- A merveille, Monsieur. Je vous remercie ! »

Le Duc se tut un instant, se contentant d’observer Oscar, perdu dans sa réflexion.

« Bien, Colonel, reprit-il ensuite, vous vous doutez sûrement que si je vous ai envoyé quérir de si bon matin, ce n’est pas pour prendre des nouvelles de votre famille.
- Certes, Monsieur.
- Venons-en donc au fait. Voici : nous soupçonnons fortement l’Angleterre de nous espionner. En effet, vous n'ignorez rien sans doute des troubles qui agitent les Etats-Unis d'Amérique?
- Songez-vous à ces luttes qui déchirent les patriots à l'armée britannique?
- Si fait, Colonel. Nous comptons envoyer d'ici quelques mois un jeune Général, le Marquis de La Fayette, qui prêtera main forte aux insurgés. Or, il semblerait que des agents de la couronne britannique cherchent à empêcher ce départ, par tous les moyens possibles...
- Je comprends, Monsieur.
- Pour contrer cette manœuvre sournoise, nous avions déjà envoyé un agent de confiance pour mener l’enquête. Or, cet homme a été retrouvé agonisant voilà une semaine à Andernos, une petite ville de Gironde, qui longe la côte Atlantique. Si l’on en croit les dires du pêcheur qui l’a retrouvé, ses derniers mots ont été, à peu de choses près : « Dites… Broglie… Les roses… Versailles. »
- Les roses de Versailles, Monsieur ? Mais que viennent-elles faire dans cette affaire ?
- C’est la question que je me suis posée tout d’abord, Colonel ! Puis, en menant l’enquête, nous avons appris qu’une école de jeunes filles, « Les roses de Versailles » avait été créée depuis peu à Bordeaux. On y trouve essentiellement une clientèle issue de la haute bourgeoisie qui cherche à gagner les galons de la noblesse par l’éducation. Sa directrice est une cousine lointaine de Madame de Maintenon, ce qui lui a donné une solide réputation.
- Vous pensez donc qu’un réseau d’espionnage s’est établi là-bas ?
- En effet. Je suppose que notre agent a surpris une information d’importance, signant là sa condamnation à mort, sans avoir le temps de nous communiquer ses découvertes. Vous conviendrez, Colonel, que nous ne pouvons laisser l’affaire en l’état !
- Certes, Monsieur.
- J’ai donc songé à vous, car vous me semblez la personne idéale pour mener à bien cette mission : rompue aux armes, dotée d’un esprit supérieur, vous présentez en outre l’avantage d’appartenir au sexe féminin, n’en déplaise à Monsieur votre père.
- Je devrais donc me travestir en jeune fille ?
- Tout juste, ma chère !
- Mais ne suis-je point trop âgée pour tenir ce rôle ?
- Trop âgée, Colonel ? Allons donc ! Vous n’avez pas vingt-cinq ans ! Certes, vous n’êtes peut-être plus de la première jeunesse, mais avec un habile grimage et un comportement adéquat, vous vous confondrez avec votre entourage.
- Très bien Monsieur. Dois-je y aller seule ou me permettrez-vous d'être accompagnée par André Grandier ?
- André Grandier? »

Le Duc de Broglie haussa les sourcils, surpris d'entendre ce nom qui sentait la roture à plein nez.

« Oh, vous voulez certainement parler de votre valet ?
- Oui Monsieur.
- Il va sans dire, Colonel, que cette enquête est ultra confidentielle et que vous ne devez en parler à personne. Même à votre domestique !
- Sachez, Monsieur, que cette idée me déplaît. Ce "domestique", comme vous vous plaisez à l'appeler, a toujours été mon plus fidèle allié. Lui cacher une mission de cette importance…
- Prenez garde, Colonel, à ces paroles qui sentent fort l'impertinence! la coupa alors De Broglie d'un ton menaçant. Vous n’allez pas à Bordeaux pour vous amuser, mais pour le bien de la France ! Pour vous épauler, deux hommes, craignant pour votre vie, ont tenu à vous suivre dans l’ombre. Vous pourrez vous reposer sur Monsieur de Fersen et Monsieur de Girodelle, votre lieutenant. Vous constatez par conséquent que la présence de votre valet est inutile. Je vous le répète : en aucun cas ce dernier ne doit être informé de cette mission ! »

Oscar acquiesça en silence. Oh, bien sûr, la présence des deux gentilshommes, et Fersen en particulier, lui réchauffait le cœur. Mais la seule pensée de devoir mentir à son ami ou de le tenir volontairement à l’écart la révulsait au plus haut point.

Hormis son amour pour le Comte suédois, André n’ignorait rien d’elle...

Comment allait-elle pouvoir lui annoncer son départ ?
Car la mission allait certainement durer quelques semaines et jamais ils n’avaient été séparés aussi longtemps, si l’on exceptait son année à l’école des Officiers. Et elle en avait gardé un assez mauvais souvenir, soutenue durant toute cette période que par les longues lettres qu’André lui avait envoyées.

Oscar haussa alors les épaules.
Ils n’étaient plus des enfants, ils avaient grandi depuis !
Certes, mais tout de même…

« Colonel ! lui intima alors le Duc de Broglie, la ramenant à ses fonctions. Vous trouverez dans ce pli toutes les caractéristiques de votre nouvelle identité. Après l'avoir lu, vous devrez le détruire, afin de ne laisser aucune trace de notre conversation."

Oscar prit le document et le glissa dans l'une des poches de sa veste d'officier.

"Bien, conclut alors De Broglie, je compte sur vous. Vous pouvez prendre congé."

La jeune femme salua et sortit, dépliant alors la lettre pour prendre connaissance de son contenu...


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"Eh bien, Oscar? Que te voulait donc ce cher Duc?"

André l'attendait patiemment dehors, mais si près de la demeure que ces paroles, bien légères si l'on tenait compte de l'origine sociale de celui qui venait de les prononcer, auraient pu devenir dangereuses pour lui.

Oscar ne répondit pas, mais elle était sortie d'un pas si vif et la tête si haute qu'il devina son agitation.
Et puis, cet éclair orageux dans son regard bleu sombre ne le trompait pas...

"Oscar?" tenta-t-il encore une fois.

L'interpelée se contenta de lever la main dans un signe d'agacement, éludant toute promesse d'explication.

"Laisse-moi, André, tu m'importunes..."

Et, sans crier gare, elle éperonna sa monture, qui s'élança en plein galop, laissant là André qui la regarda s'éloigner, les sourcils froncés et les yeux brillant d'une étrange lueur.

"Rien ne sert de courir, Oscar..., murmura-t-il, énigmatique. Je saurai bien te venir en aide malgré toi..."


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Et voilà. Elle arrivait dans cette sorte de pensionnat.

Le voyage avait duré trois jours, trois longues journées à supporter les cahots et l'inaction dans un carrosse richement décoré et aménagé sans doute, mais néanmoins désespérant.

C'était donc cela, être femme? Ne pas pouvoir galoper à sa guise pour se rendre d'un point à un autre, ne pas pouvoir se déplacer sans une armada de domestiques destinés à votre seule protection?

Le coude posé sur son genou, la joue perdue dans sa main, à moitié affalée contre la vitre de la voiture, elle soupira longuement.

André ne lui avait même pas dit adieu...

Lorsqu'elle s'était renseignée auprès de Grand-Mère, cette dernière lui avait annoncé que son petit-fils était parti depuis deux jours pour une destination inconnue.

Mais Oscar ne l'avait pas crue. Non qu'elle croie à mensonge de la part de sa nourrice, mais plutôt à des fariboles de la part de son ami.

Certes, elle l'avait battu froid ces derniers jours, craignant de lui révéler des secrets qui ne lui étaient pas destinés, mais tout de même...
Inventer de telles bêtises pour ne pas assister à son départ...

Longtemps, elle avait guetté son ami, s'attendant à le voir apparaître sur le chemin qui la menait à la pension, comme il l'avait fait voilà quinze ans.
Mais non, il n'était pas venu. Et elle en gardait encore une étrange amertume...

Non, ils n'étaient plus des enfants.
Pour la première fois de sa vie, elle regretta cette douce période de sa jeunesse. Grandir, elle le remarquait à présent, l'avait éloignée d'André.
Son amour pour Fersen, ses fonctions... Tout ce qui l'avait rendue adulte, en somme.

Oui, en trois jours, elle avait beaucoup réfléchi à son existence.
Mais il fallait avouer aussi qu'elle n'avait rien eu d'autre à faire...

Oscar changea de bras en même temps que d'humeur. Diantre! Jouer le rôle d'une jeune fille naïve n'était pas une mission facile...
Et puis cette identité dont on l'avait affublée! Avec un nom pareil, elle avait l'horrible impression d'avoir perdu son bon sens et son esprit.

Elle s'imaginait déjà déclarer à ses futures camarades s'appeler Aglaé-Josèphe de Lagarde-Michard et rêver d'une alliance avec une riche et influente famille...

Le carrosse s'arrêta en même temps que ses sombres pensées.
Rassemblant ses jupes, la jeune colonelle, bien cachée derrière ces atours, s'apprêta à sortir...


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Oscar enveloppa du regard sa chambre. Une petite pièce de vingt pieds sur quinze environ, dépourvue d'antichambre, située au deuxième étage.

On avait cherché la discrétion, apparemment...

Par bonheur, on ne lui avait pas donné de compagne. "On" avait veillé à cela aussi...

"Mademoiselle..." balbutia alors dans son dos une voix de crécelle.

La jeune colonelle se retourna. C'était certainement la femme de chambre qu'on lui avait attribuée à son arrivée...

"Bonjour! lança-t-elle, en contemplant avec surprise cette sorte de géante corpulente sanglée tant bien que mal dans l'uniforme de la domesticité de l'école. Quel est votre..."

Elle s'interrompit, interloquée. Les cheveux étaient roux, certes, la voix était plus aiguë, le maintien, avec ces jupons grotesques, était différent, le visage était maquillé...
Mais elle venait de reconnaître ce sourire et cette lueur, tapie au fond des prunelles vertes...

"André?!?"

A SUIVRE...
Review Arlequinade


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