Auteur : Rosetta Hits : 958
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Avertissement :
La logique fait de cette fic la suite directe de "Requiescat in Pace". Il y est question de Rosetta qui s'est laissée mourir sur la tombe de Hans. Cependant, je n'ai pas souhaité attacher ce chapitre unique à l'épitaphe de "R.I.P." Pour moi, "R.I.P." est la fic dans laquelle j'ai mis tout mon coeur. Depuis, ce que j'écris n'est pas très bon, car "R.I.P." a tout happé en moi. Je me sais incapable d'écrire quelque chose d'aussi beau, alors je ne veux pas coller une suite médiocre à ce qui est si cher à mon coeur. De plus, "R.I.P.", dans un sens, ne peut avoir de suite. Il s'achève avec la mort de Rosetta. Cette fic n'a pas été envisagée comme le récit de la mort de tous les Fersen. Il était cependant nécessaire de commencer avant la mort de Hans, et j'ai mentionné tout à la fin la mort de Sofia. Donc, si "Je vous dis adieu à mon tour" reprend cet instant, il ne doit pas être envisagé comme un épilogue Deluxe à une fic qui perd toute sa raison d'être après l'abandon que fait Rosetta de sa vie, ou l'image de cette jeune femme allongée au pied du tombeau de Hans perdra toute sa force. Que "Je vous dis adieu à mon tour" soit une fic indépendante malgré tout. L'intituler "Requiescat in Pace II" serait du dernier ridicule, et entâcherait la mémoire de Rosetta.


1816, Les derniers jours de Sofia.

La Comtesse Sofia Piper ne vivait plus depuis six ans. Elle survivait. Elle survivait à la mort atroce d'un frère chéri entre tous les hommes. Un frère dont elle s'était toujours senti le double parfait, le verso, la seconde face d'une même médaille. Son âme soeur, serait-elle tentée d'ajouter. Hans-Axel avait été la seule personne au monde qui compta réellement à ses yeux. Ils étaient comme deux siamois brutalement séparés. Le 20 Juin 1810, on avait arraché à Sofia la moitié de son corps, de son coeur et de son âme.

Pourquoi vivait-elle encore ? Elle se posait chaque jour cette terrible question. Pourquoi le Ciel avait-il permis que l'ombre survive à sa lumière, que le reflet ne périsse point avec la disparition du miroir ? Sofia ne pouvait périr aux côtés de son frère. Il ne pouvait en être autrement. Elle avait fait mettre ses papiers sous scellés. Elle avait mené un dur combat pour la réhabilitation de sa mémoire. Voilà pourquoi il avait fallu qu'elle vive. Elle avait accompli sa mission, Hans avait été réhabilité de la manière la plus officielle. Elle avait fait élever à sa mémoire un monument dans le parc de Steninge Slott où son corps avait été conservé dans l'attente de funérailles dignes de son rang, de Ljung Slott où il reposait à présent, et de Lövstatd Slott, que Sofia avait personnellement hérité de ses parents. C'était dans le parc de ce château où elle s'était retiré qu'on avait érigé le plus imposant monument. Quelques années passèrent. Sofia aurait aimé que quelqu'un lui dise ce qu'il lui restait à faire...

La vie de Sofia avait été un tourbillon. Elle avait, très jeune, développer un tempèrament que certaines personnes qualifiaient volontiers d'explosif, qu'elle avait, par la suite, léguée à sa fille. Elle avait eu une liaison avec l'un des deux frères de Gustav III, mais son père lui avait ordonné d'y mettre un terme. Les Fersen, avait-il dit, n'épousent pas un membre de la famille royale, à moins qu'il ne s'agisse du roi lui-même. Elle avait alors épousé, à l'âge de dix-sept ans, le Comte Adolf-Ludvig Piper dont elle eut quatre enfants. Sofia n'en fut pas heureuse. Cependant, elle ne se gêna nullement pour braver son autorité et vivre comme elle l'entendait. Tout le monde parlait d'elle, la disait la plus jolie femme de Suède. Ses frasques étaient connues de tous. Sofia avait beaucoup d'amour à donner. Elle eu beaucoup d'aventures, elle les aima tous, hommes comme femmes. Les gens parlaient mais elle s'en moquait. On disait qu'elle ne trouvait pas d'amant assez robuste pour la satisfaire. On parlait surtout de son intime amitié avec la belle-soeur de Gustav III, Edvig-Elisabeth-Charlotta. Mais aux yeux de cette femme passionnée, un seul être au monde comptait, son frère aîné Hans-Axel.

Hans-Axel avait été un être sublimé, un idéal et un mythe. Un mythe, il le fut pour elle de son vivant. Avant même qu'il ne parte aux Amériques, il l'était déjà, et sa gloire n'avait fait que croître dans son coeur. Sofia était en adoration. C'était un véritable culte qu'elle vouait à son frère. Sa mort fut une tragédie sans précédent. Une tragédie telle que le plus habile manieur de plume ne saurait la décrire.

A côté de cette figure glorieuse, un autre homme avait compté pour elle. Un amour plus terrestre. Il s'appelait Evert Taube. Au milieu de ses multiples aventures galantes, Sofia lui était, dans une certaine mesure, demeurée fidèle. Elle l'avait réellement aimée. Elle l'avait d'ailleurs aimé car Hans-Axel l'aimait aussi. Il leur était arrivé de voyager tous les trois, et Sofia avait alors été la plus heureuse des femmes, auprès des deux hommes qu'elle chérissait le plus. A la mort de son mari, elle avait fait venir le Baron Taube auprès d'elle. Ils avaient vécu comme s'ils étaient mari et femme jusqu'à ce qu'il meurt. Sofia avait alors fait réduire son coeur en cendre et elle le portait en pendentif, auprès de son propre coeur.

En 1807, à son grand étonnement, son cher frère Hans-Axel avait pris la décision de se marier. Ce brusque changement, il le devait à un ange de douceur et d'innocence qui répondait au doux nom de Rosetta. Sofia avait déployé des trésors d'affection à l'égard de la petite, qu'elle appelait ainsi parce qu'elle était de trente-deux ans plus jeune que Hans. Et plus elle voyait son frère renaître au bonheur, après de longues années d'errance, plus elle entourait la petite de son amour bienveillant. Elle s'était engagée à veiller sur elle après l'horrible 20 Juin, mais cela n'avait duré qu'un temps. Six mois plus tard, après les funérailles, Rosetta s'était laissée mourir sur la tombe de son mari.
Sofia ne pouvait s'empêcher de pleurer, en évoquant ce souvenir. Son frère cadet Fabian et elle avait découvert un matin son corps recroquevillé, sans vie, pauvre Rosetta si pâle et amaigrie, inerte, dans la petite crypte où reposait Hans.

Les pensées de Sofia allaient aussi vers ceux qui étaient encore vivants. Elle pensait à ses enfants. Elle pensait à Fabian. Après la mort de Rosetta, lorsqu'elle s'était retirée à Lövstadt, le frère et la soeur s'était séparé. Comme le temps des plaisirs était loin !
Sofia attendait doucement sa propre fin. Elle avait auprès d'elle "le pauvre enfant", le petit Axel. C'était l'enfant de Hans et Rosetta. Il n'avait même pas deux ans lorsqu'il avait perdu son père puis sa mère. Les seuls souvenirs qu'il en aurait seraient consignés dans les mémoires de Sofia.

Fabian arriva à Lövstatd Slott. Il était envahi d'une tristesse infinie. Il voyait sa soeur chantonner en dansant toute seule, les bras tendus comme les ailes d'un oiseau. Sofia se mourrait, elle lui semblait déjà quitter ce monde, et cela lui fit souvenir avec douleur de l'état de Rosetta dans les semaines qui avaient précédées sa mort. Pourtant, Sofia n'errait pas dans les corridors. Elle semblait plutôt revivre en accéléré sa vie. Comme Sofia était belle, pensait Fabian. Elle avait 59 ans, pourtant elle en paressait 30. Ses traits étaient fins et beaux, sa taille était restée fine et délicate. Sa poitrine était restée ferme. Son visage ne semblait pas avoir changé.

Interrompue dans sa danse étrange, Sofia se mit à tousser violemment. Elle s'effondra sur le sol. Pourtant, elle ne voulut pas qu'on la relève.
- Fabian, je vous dis adieu à mon tour...
Soudain, une image s'imposa à la mourante. Elle ! Elle la verrait Elle ! Marie-Antoinette ! Les deux femmes ne s'étaient jamais rencontrées, et pourtant Hans-Axel avait fait en sorte que l'une comme l'autre se connaisse à la perfection. Un jour, il avait dit à Sofia "Je l'aime plus encore depuis qu'elle vous aime." La Reine avait remis au plus aimé et au plus aimant des hommes quelques mèches de sa chevelure pour Sofia.
Oui, Marie-Antoinette devait l'attendre, elle aussi. Elle avait déjà accueilli Rosetta. Sofia savait qui elle retrouverait Là-haut. Ses parents... Les gustaviens... Marie-Antoinette... Et...
- Evert... Rosetta... Hans-Axel... !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Puis Sofia mourrut. Elle fut enterrée aux côtés de Hans-Axel et Rosetta, dans la petite crypte de l'église de Ljung Slott.

FIN.
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