TITRE : La Veuve Noire
écriture en cours ...
CATEGORIE : Action/Aventure , dark- fic (?) du fait de quelques scènes de violence ...et des sous-entendus qui pourraient choquer certains lecteurs.
Disclaimer : Lady Oscar ou la rose de Versailles appartient à son seul auteur Riyoko Ikeda et TMS . Je n'en ai pas les droits. Ceci est uniquement une fiction écrite par une fan pour les fans.
chapitre 1
Cette année là , l'automne avait décidé de pointer son nez avec quelques semaines d'avance , en témoignaient les arbres dégarnis , le vent tenace et glacial qui cherchait à s'engouffrer dans la moindre ouverture de leurs vêtements .
Oscar et André avaient quitté Versailles depuis une demi-heure . A présent , Jarjayes était en vue . André était resté silencieux durant tout le trajet , avachi sur sa selle , sa tête disparaissait entre ses deux épaules . Oscar le suivait trois mètres derrière . André ne s'était même pas aperçu qu'il précédait « son maître » et que celle-ci épiait ses moindres gestes , inquiète de son comportement de ces dernières semaines , car si André se montrait froid et distant , ce n'était pas la faute au climat .
Il avait participé à pas moins de trois bagarres entre domestiques , s'était fait reprocher par le Général sa lenteur et son retard à s'acquitter de ses tâches , se disputait avec Grand-mère deux fois par jour , avait découché trois fois cette semaine et était rentré saoul en plein milieu de la nuit , renversant et cassant tout dans sa chambre la nuit dernière .
Oscar n'avait ce matin demandé aucune explication , ayant déjà vu son regard sombre et inquiétant fondre sur elle il y a 8 jours lorsqu'elle avait osé lui poser des questions ...oui , pour la première fois , Oscar avait eu peur de lui . Le pire malheureusement était à venir .
Une fois entrée dans les écuries , Oscar quitta sa monture , tendant les rênes à André qui s'attelait déjà à sa tâche . Tenant une fourche dans sa main , il se préparait à débarrasser un recoin de l'écurie du tas de fumier accumulé là depuis trois jours . Il prit les rênes qu'Oscar lui tendait et lui tourna le dos sans dire un mot . Déçue par son ami , car celui-ci ne voulait pas se confier , Oscar serra les mâchoires et rentra précipitamment dans la maison .
Elle tomba de suite sur Grand-mère , qui en grande inquisitrice , lui demanda où était passé son bon à rien de petit-fils ! Oscar n'aimait pas les termes employés par sa nourrice , mais elle ne pouvait défendre André ne sachant rien des faits qui lui étaient reprochés ...du moins ceux remontant avant tous les faits cités ci-dessus ! Oscar préféra se taire et monta dans sa chambre se changer .
Quelques heures plus tard , alors qu'elle se rendait à la salle à manger pour dîner en compagnie de son père , elle surprit une conversion ... les deux interlocuteurs se parlaient calmement et à voix basse , ce qui était étrange vu qu'il s'agissait de Grand-mère et d'André , ceux là même qui depuis deux semaines faisaient trembler les murs de Jarjayes par leurs échanges plus ou moins houleux .
Grand-mère : « Tu dois lui obéir André ...tu sais ce qu'il a fait pour nous ... André , nous n'avons pas le choix ...mon garçon , j'aimerais qu'il y ait une autre solution mais ... »
André : « Je sais Grand-mère ...je sais . »
Oscar avait à la demande du Général , revêtu son uniforme de Colonel , pour assister au dîner . Comme à chaque fois qu'il recevait ses amis , il fallait qu' Oscar tienne son rôle d'héritier . Elle était alors partagée entre deux sentiments : la tristesse de n'être qu'un pantin entre ses mains et la joie d'être sa plus grande fierté , présentée comme sa plus belle réussite .
Oscar avança jusqu'à sa place , à droite de son père qui , lui , trônait en bout de table , occupant comme il se doit la place du Maître de maison . Oscar reconnut Les Généraux de Ranvier , Bethalye et Du Boiseau .Tous étaient , avec son père , issus de la même promotion de l'Ecole Militaire et tous avaient fait une brillante carrière . L'un d'eux se démarquait toutefois de ses comparses , il s'agissait du Général de Gueranthier qui lui n'avait jamais quitté l'Ecole et pour cause , il fut pendant longtemps son Directeur ...Le dernier invité était « seulement »Lieutenant-Colonel , c'était un grade honorifique pour un non-soldat .En réalité , il s'agissait du très estimé Docteur Dassignat exerçant à l'Ecole Militaire . Celui-là même était chargé des visites médicales des élèves officiers . Oscar , en le voyant , remonta dans ses souvenirs ...jusqu'à l'année de ses 13 ans .
***
Un après-midi , Oscar s'était réveillée à l'infirmerie , vêtue uniquement de son pantalon , un drap remonté sur sa poitrine naissante . Sa chemise reposait sur le dossier d'une chaise , à un mètre de son lit . Elle n'avait plus aucun souvenir de ce qui s'était passé ... Elle courait lors d'un exercice, son pactage règlementaire de 10 kilos sur le dos , le fusil sur l'épaule ...puis le noir ...Elle s'était évanouie .
A présent , elle se trouvait dans l'une des chambres de l'infirmerie , juxtant le bureau du médecin . Elle reconnut les voix du Docteur Dassignat et de son père ...Celui-ci était furieux ! Furieux d'avoir été dérangé , furieux d'avoir appris qu'Oscar s'était effondrée lors d'un « simple » exercice . Le médecin tentait de le calmer et de le raisonner mais déjà , le Général de Jarjayes accusait la frêle carrure d'Oscar . Tapant du poing sur la table , il mettait en cause son manque d'endurance , certainement dû à un manque d'entraînement auquel il comptait bien remédier , inventant mentalement un programme sur mesure !
D'où elle était , Oscar ne pouvait voir le médecin tourner lentement la tête de gauche à droite . Comme s'il renonçait à lui expliquer , le docteur ramassa une longue bande de tissu blanc qu'il mit sous le nez du Général . Celui-ci fronça les sourcils , tentant de comprendre pourquoi il lui montrait ce bandage . D'après ce qu'on lui avait dit , Oscar n'était pas blessée ! Il se tut , soudain inquiet .
Général : « Qu'est-ce que c'est ? »
Le docteur ( calmement ): « c'est un leurre ...un mirage ... »
Général : « Expliquez-vous ! Je ne comprends rien ! »
Le docteur : « Avez-vous remarqué ...un changement chez Oscar ...ces derniers mois ... »
Général : « Non ... »
Le Docteur : «Suivez-moi ... »
Oscar , recroquevillée dans son lit , vit la porte de sa chambre s'ouvrir . Le médecin et le Général firent leur entrée . Elle baissa les yeux en voyant le regard noir que son père lui jetait .
Le Docteur : « Et bien ...Oscar utilise cette bande quotidiennement pour masquer ...ces formes naissantes ...Vous comprenez ? ... « ELLE » veut masquer sa différence ... aux yeux de ses camarades ...Mais ce matin , elle a dû comprimer un peu trop sa poitrine ...d'où son malaise ...et tout cela pour vous ...pour ressembler à votre idéal ... Si je ne lui avais pas retiré rapidement , inutile de vous dire que cela aurait pu être plus grave !»
Le Général avait pâli , pour la première fois , sa nature de femme lui sautait aux yeux et entravait ses plans !
Le Docteur : « Je vous assure que sans cela , elle aurait été capable de réussir l'exercice ! Aucun entraînement n'est nécessaire ...enfin si ! Il va falloir qu'elle apprenne à mettre cette bande pour que celle-ci ne lui coupe plus la respiration ! »
Général : « Je ...Je n'étais pas au courant ...Je ne m'étais pas rendu-compte... Je suis désolé...Docteur , puis-je ramener mon fils à la maison ? »
Le Docteur : « Bien sûr ...Mais avant cela , laissons-le se rhabiller . »
Cet après-midi là , dans le fiacre qui les ramenait à Jarjayes , le Général observa silencieusement Oscar . Il s'en voulait de ne pas avoir été plus présent ces derniers mois et de ne pas avoir vu les changements qui s'étaient opérés en elle .Il imaginait la torture qu'Oscar infligeait à son corps et s'en trouvait gêné . Néanmoins , Oscar lui assura pouvoir poursuivre l'entraînement de l'Ecole Militaire , elle ferait mieux que les autres , « il serait le premier » en TOUT et réussirait pour lui !
Ce jour là , Oscar aurait pu faire céder son père et peut-être retrouver une vie de femme ...Mais par cette déclaration , elle avait accepté d'endosser le rôle de fils et de soldat .
***
De ce jour était née une grande amitié entre le Docteur Dassignat et son père , Oscar avait autant confiance en lui qu'en le Docteur Lassonne et c'est avec joie qu'elle s'assit en face de lui .
Oscar avait fait bonne figure en tentant de s'intéresser à la discussion mais son esprit était ailleurs . Elle repensait à André et à son étrange silence . A la fin du repas , elle feint une migraine passagère et demanda à regagner sa chambre . Le Général de Jarjayes avait pris l'habitude de prolonger ses soirées entre amis en s'enfermant avec eux dans son bureau , un verre de Bourbon dans une main et sa pipe dans l'autre . Oscar détestait se retrouver dans cet endroit enfumé , des nausées et une migraine , véritable celle là , se profileraient à l'horizon et à coup sûr , si elle restait .
Son père ne parut pas surpris par sa demande , il lui souria faiblement tout en lui souhaitant bonne nuit et suivit ses amis qui connaissaient par coeur le chemin de son bureau .
Alors qu'Oscar regagnait sa chambre , elle vit André gravir lentement le grand escalier . Il portait un plateau d'argent sur lequel reposaient 6 verres ...Six et non sept s'amusa-t-elle à compter , son père la connaissait finalement bien ! Elle comprit ainsi le doux sourire du Général qui savait déjà qu'elle n'assisterait pas à cette dernière partie de soirée .Elle regretta aussitôt d'avoir eu à inventer ce mensonge ...
André la croisa sans même relever la tête ! Son regard était perdu dans la contemplation de la bouteille de Bourbon , le liquide brun bougeait à peine tant André avançait avec précaution et lenteur . Oscar ne put que remarquer son visage fermé et la raideur de ses bras . Il n'allait pas bien , mais que pouvait-elle faire ? ... il refusait de se confier .
Elle vit André s'arrêter au seuil du bureau , frapper trois coups à la porte et ouvrir celle-ci au signal du Général ... C'est seulement quand elle le vit entrer qu'elle regagna sa chambre . Là , elle alluma sa chandelle et se déshabilla . Malgré le bon feu qui crépitait dans la cheminée , elle avait froid et c'est tremblante qu'elle enfila sa chemise de nuit avant de se glisser entre ses draps .
...
Château des Jarjayes , 23:15
Oscar , toujours dans son lit , ne parvenait pas à fermer l'oeil . Le froid persistait à s'engouffrer dans sa chambre par un fin orifice situé juste sous sa fenêtre .Elle se souvenait parfaitement s'en être plaint à André mais rien n'y avait fait . Il n'avait pas rebouché ce trou et encore moins fait venir les menuisiers ...Cela datait de plus de deux semaines ...Le jour où son père l'avait disputé pour une corvée non exécutée mais si peu importante . Le Général avait pris à témoin une bonne partie des domestiques présents , rendant l'humiliation d'André encore plus grande . A bien y réfléchir , s'était de là que venait son amertume .
Oscar se contorsionnait dans son lit , ressemblant de plus en plus à une chenille dans son cocon . Quand soudain , elle perçut des cris , des bruits de verre cassé ...suivis d'une détonation !
Après un temps ressemblant à l'éternité , à force de se débattre , Oscar réussit à se libérer de ses draps . Elle quitta sa chambre sans même prendre le temps d'enfiler une robe de chambre ou sa veste , soudain fiévreuse à l'idée qu'un drame pouvait s'être joué à quelques mètres de là .
Tout en courant , elle vit André dévaler 4 à 4 les marches de l'escalier en direction de la sortie , courait-il chercher du secours ? Le docteur Lassonne , il s'agissait certainement de ça ! Encore plus inquiète , elle se força un passage parmi les différents domestiques qui avaient eux aussi accourus et qui lui bloquaient le passage . Oscar , jouant des coudes , parvint à franchir cette muraille humaine , pour rester immobile devant la scène qui se déroulait sous ses yeux .
A deux pas de son bureau , le Général de Jarjayes était étendu sur le sol , tourné sur le côté , la chemise ensanglantée . Penché au dessus de lui , le docteur Dassignat tentait d'enrayer l'hémorragie , écrasant de son poing le ventre de « son patient » . A ses pieds , un pistolet , celui que son père gardait dans le tiroir de son bureau , gisait lui aussi par terre ...
Oscar , blême , se mit à hurler et chercha à s'approcher .
Oscar : « PERE !!! PERE !!! LAISSEZ – MOI PASSER ! »
Mais déjà , le Docteur Dassignat réclamant le calme , donnait ses ordres aux autres Généraux pour qu'ils éloignent tout ce monde . C'est ainsi qu'Oscar fut soulevée sans ménagement par deux Généraux lui bloquant l'accès à son père . Elle fut ainsi portée jusque dans la pièce à côté .Tremblante , les jambes dans du coton , elle força son esprit à chercher une explication à ces évènements ...
Oscar : « Qui a fait ça ? ...qui a ...tiré ? »
Le Général du Boiseau ne l'épargna pas une seconde de plus , sans même chercher à la réconforter ou même à la rassurer sur les chances qu'avaient son père de s'en sortir , il répondit : « Son jeune valet , André ! »
Pour Oscar , déjà chancelante , c'était comme si tout l'univers s'écroulait . André n'était donc pas parti chercher le docteur Lassonne ... il était en réalité en train de fuir !
À suivre ... |