Depuis des générations et des générations, le Royaume d'Or (aussi appelé Terre d'Or) était dirigé par un roi qu'on nommait roi d'Or. En ce qui concerne la succession, c'était toujours l'aîné(e) qui recevait le titre de roi d'or. Les autres frères et soeurs devenaient des grands seigneurs, mais n'accédaient jamais au trône. Ce qui était plus enviable, car ils avaient tous les avantages de la richesse et du respect, sans les responsabilités qui incombaient à un roi. Malgré cela, certains imbéciles tuaient leurs aînés pour le trône.
Dans la grande dynastie des rois d'or, l'un d'eux brisa cette loi qui accordait tout à l'aîné. Lorsqu'il n'était encore qu'un jeune roi, ce roi d'or avait décidé qu'il aurait cinq enfants (et donc que s'il y en avait d'autres en chemin, il ne les reconnaîtrait pas), et que chacun d'eux aurait une partie du royaume, avec une couleur attribuée à sa partie de royaume.
Il voulait que les couleurs soient attribuées dans l'ordre suivant : noir, blanc, jaune, rouge puis bleu. Les cinq royaumes de couleur avaient été découpés de la manière la plus équitable possible. Le roi avait en fait instauré ce système pour que le royaume soit confié au plus méritant de ses enfants, à celui qui saurait écraser les autres pour régner. Il trouvait que le système d'aîné était stupide et qu'il gâchait arbitrairement les chances de certains princes(sses)
Il légitima effectivement cinq enfants, et sema en même temps tout un régiment de petits bâtards qu'il laissait dans l'ignorance de leur véritable lignée.
Il eut, dans l'ordre, un fils qu'il nomma Kuroi, une fille qu'il nomma Shiragiku, un fils qu'il nomma Kiiroi, une fille qu'il nomma Kurenai et enfin un dernier fils, qu'il nomma Masao.
Avant d'avoir ses enfants, le roi d'or avait décidé d'attribuer à chacun d'eux des insignes royaux particuliers. Chacun aurait une bague sertie d'une pierre de sa couleur, et un objet particulier.
Kuroi eut un bague sertie d'une hématite magnifiquement noire et avec des reflets argentés, et une couronne d'or sertie de nombreuses hématites elle aussi. Shiragiku eut une bague avec un diamant blanc, et une broche de diamants tout aussi blancs. Kiiroi eut une bague avec une topaze impériale jaune, et une chaîne en or, avec une topaze impériale jaune accrochée au bout. Kurenai eut une bague avec un rubis dessus, et une somptueuse épée en or, dont le pommeau était bien garni de beaux rubis. Enfin, Masao eut une bague avec un saphir, et un diadème garni lui aussi de saphirs.
Un soir, le roi d'or organisa un dîner où il réunit ses enfants, tous habituellement dispersés dans leurs royaumes respectfis. Il avait de grandes nouvelles à l'eur annoncer. Quand les enfants furent enfin réunis,
le roi d'or apparut et s'assit à table.
Ils avaient respectivement 22, 21, 19, 15 et enfin 9 ans. Les plus grands étaient déjà des rois et dirigeaient leurs royaumes, tandis que les plus jeunes n'avaient que le droit de suggérer des idées à leur père.
Un silence pesant s'était installé depuis l'arrivée du roi. Kuroi arborait un air solennel, Shiragiku regardait dans le vide, complètement blasée, Kiiroi semblait attendre la nourriture, Kurenai souritait effrontément et Masao se cachait dans les jupes de sa grande soeur Shiragiku.
_Mes enfants, dit alors le roi d'or, j'ai certaines nouvelles à vous annoncer, mais d'abord j'aimerais contrôler le bon fonctionnement de vos territoires.
Puis il demanda à chacun de s'exprimer sur ses idées politiques, et leur émit des critiques. Le roi noir était trop laxiste avec ses ministres et n'imposait pas assez son pouvoir, le roi jaune était trop axé sur le commerce et pas assez sur l'armée.
Curieusement, quand arriva le tour de la reine blanche, le roi d'or n'émit que des compliments, aucune critique, ce qui était rare. La reine blanche répondit à cela par un regard dédaigneux envers son père, avec un soupir méprisant. Les deux autres n'étaient pas encore en âge de régner.
_Bien, conclut le roi d'or après sa petite vérification. J'aimerais d'abord à annoncer à Kurenai qu'elle est maintenant reine de son royaume rouge, et donc que je lui en confie le pouvoir, et à Masao que je lui confie, pour son apprentissage, la moitié des pouvoirs royaux sur son royaume bleu.
_C'est insensé ! s'insurgea le roi noir. Ce sont des enfants incapables ! Leur confier les pouvoirs est courir à notre perte ! Il n'y a qu'à regarder Kurenai pour voir qu'elle pense plus à s'amuser et à faire la fête qu'à l'importance de sont titre.
_Silence, Kuroi ! tonna le roi d'or. JE suis le roi, et donc tu dois m'obéir. J'ose espérer que tes paroles ont dépassé ta pensée et que remettre en cause mes décisions n'était pas ton but.
Kuroi s'inclina, à nouveau humble, et demanda pardon pour cet emportement. Kurenai lui lança un regard éloquent, plein de moquerie et de mépris.
Un silence s'installa de nouveau pendant un certain temps et le roi d'or reprit.
_Mes enfants, je me fais vieux, vous le savez, et chaque jour un peu plus, la mort me guette. J'ai donc décidé qu'avant de mourir, j'allais vous laisser une dernière leçon.
La reine blanche marmonna quelque chose qui ressemblait fort à "je m'en passerais bien".
_Nous allons conquérir tout le continent de Trasp ! annonça le roi d'or avec de grands gestes. Ce sera ma manière de vous dire au revoir.
_N'y a-t-il pas plus rapide comme adieu ? dit clairement blanche, de sa voix douce et un peu trop jeune pour elle.
_Tais-toi, Blanche ! tonna le roi noir.
La reine blanche ne s'appelait pas blanche, mais Shiragiku, pourtant ses frères et soeurs l'appelaient courrament comme cela, comme pour souligner l'effet fantômatique qui se dégageait d'elle. Shiragiku semblait ne pas avoir entendu son frère le roi noir. C'était un bien curieux personnage. Elle était complètement déconnectée du monde des vivants. Elle regardait toujours dans le vide, ignorait tout ce qui se passait autour d'elle avec une indifférence royale, et ne s'intéressait à rien. Parfois, elle disait des choses insensées, complètement inadaptées à la situation.
D'autres fois, elle avait des moments de lucidité, où elle pouvait tenir une conversation normale avec quelqu'un, mais cela ne durait jamais longtemps, et elle se replongeait très rapidement dans sa léthargie habituelle.
Son apparence physique ne faisait rien pour arranger le trouble qu'elle émettait autour d'elle. Elle avait un visage d'adolescente, aux traits réguliers et beaux.
Ses cils noirs étaient tellement longs qu'ils semblaient vouloir toucher le ciel, sa bouche avait des lèvres charnues, de telle manière que même en étant impassible, Shiragiku donnait l'impression de bouder un peu, ce qui accentuait la jeunesse de ses traits. Ses yeux étaient verts comme l'emmeraude, et perdaient leur vide seulement lorsqu'elle délirait. Quant à sa silouhette, c'était tout à fait autre chose. Elle était mince, mais plantureuse. Admirablement proportionnée, et bien adulte.
Kurenai souriait encore de son sourire insolent. Masao s'agrippait au bras de Shiragiku. Lassé du manque de sérieux de ses enfants, le roi reprit :
_Je disais donc que nous allions conquérir tout Trasp, et que pour cela, j'ai besoin de chacune de vos armées.
_Père, voyons, pourquoi s'engager dans de nouvelles conquêtes alors que tout va bien ? dit Kiiroi. Nos sujets ne sont certainement pas prêts à subir encore des guerres. Laissons-les d'abord se remettre de la guerre qui nous a opposé il y a cinq ans aux elfes !
_Kiiroi voyons, dit Kurenai d'une voix caressante. Aurais-tu oublié ce que père dit toujours ? Il faut battre le fer tant qu'il est chaud !
_Très juste, ma chère fille. Mais si tu ne te sens pas encore prêt à prendre les armes, Kiiroi, nous pouvons te laisser quelques années pour préparer une armée. Tu resteras en renfort, au cas où nous aurions besoin d'aide, pendant que nous attaquerons, avec les 400 000 hommes dont nous diposons déjà. Tu dois te mettre dès maintenant à préparer une armée de 100 000 hommes, et prévenir les civils qu'en cas de besoin, ils devront défendre leur patrie.
Le roi jaune voulut protester, mais se tut, en signe d'assentiment.
_Il reste quand-même un problème, dit Kuroi. Vous savez qu'il y a trois pays autres que nous sur ce continent, si nous attaquons l'un, les deux autres se ligueront contre nous.
_Aucun problème, sachant que l'empire de Karei est moins puissant que nous, et que le pays de Yume est très faible, parce que c'est une république, rétorqua Kurenai.
_Tu oublies le dernier des trois : Shina, répliqua Kuroi. Les habitants de ce peuple sont terrifiants et leur magie dépasse largement la nôtre. Tu sembles oublier que par les siècles passés, les yamis (nda : les yamis sont les habitants du pays de Shina) ont prouvé que leurs pouvoirs pouvaient terrasser n'importe quelle autre nation.
_Si ce n'est que cela, je peux m'occuper de leur déchéance, je ruserai, dit Kurenai.
_C'est très risqué, dit le roi d'or. De plus je me demande comment tu vas faire, puisque les yamis vivent isolés, et que l'accès à Shina est impossible. Leur village est très grand pour un village, mais il n'est pas assez grand pour être assimilé à celui d'une pays, de plus, ils ne sont pas très nombreux. Ce qui signifie que s'y inflitrer est impossible.
_Je me débrouillerai, père, faites-moi confiance, laissez-moi faire mes preuves. Si vous voulez, nous pouvons attendre que j'aie pris Shina avant de lancer une grande guerre, puisque je ne compte pas lancer d'opération militaire. Si j'échoue, nous ne serons pas pénalisés, puisque ni les yamis, ni les autres nations du continent ne le sauront.
La reine rouge marqua une pause avant de reprendre :
_Mais inutile de vous en soucier plus que cela, puisque je ne compte pas échouer...
Le roi d'Or, agréablement surpris par l'attitude de sa fille, lui laissa carte blanche.
_Très bien, si d'ici à deux mois, tu n'as pas réussi, je considérerai que tu as échoué. En attendant, même si tu ne comptes pas réaliser une opération militaire, je mets à ta disposition toute notre armée. |