Auteur : poxy Hits : 2790
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« Aimer »

« Grand-père, grand Père, raconte-nous encore l’histoire de la femme soldat…
- Oui Grand-père s’il te plait, raconte…
- Allons Emeline et Jeannette, laissez votre grand-père un peu tranquille il a besoin de repos et de calme
- Pufff de toutes façons une femme qui se bat mieux qu’un homme ça n’existe pas..
C’est pas vrai, grand père dis lui !! t’es qu’un méchant , pas beau..
Nicolas laisse ta sœur tranquille..
Mais j’ai rien fait, c’est elle qui croit aux contes de fées, les femmes soldats ça n’existent pas. Une femme ça n’a pas de force..
- Mamannnnnnnnn !!!
- Mais franchement Emeline, réveille-toi, grand-père a inventé l’histoire
-Tu te trompes gamin… »

La voix du vieil homme était fatiguée, le vieil était fatigué, mais devant ce qu’il prenait comme une accusation de son petit-fils, il était prêt, une fois encore à défendre la mémoire de celle qu’il avait aimé jadis. Ses grands yeux verts retrouvaient alors l’éclat d’autrefois…

« Grand-père, raconte la fois du duel avec ce comte prétentieux…
- Non, la fois, où vous avez démasqué le masque noir.
- Non, non, moi je veux l’histoire du collier… »
Aucun ne voulait la même histoire. Chacun avait ses préférées. Ses petites filles recherchaient plus le côté romantique, la plus grande Jeannette aimait l’opposition entre le Général et sa fille, la complexité de la vie d’oscar déchirée entre sa vraie nature et celle que son père lui avait imposée. Les garçons aimaient particulièrement le récit de leurs aventures…contre le masque noir, les prémices de la révolution…
Mais à aucun il n’avait conté son amour pour oscar, pas même à leur grand-mère. Qu’aurait-elle pensé, sa tendre et aimante Elisabeth de savoir que son cœur avait longtemps appartenu à une autre femme à tel point qu’aujourd’hui, la fin étant proche, il ne savait pas qui il avait aimé le plus.
André s’approcha du feu, prit une chaise, s’assit, déplia ses longues jambes douloureuses et commença à narrer la première et unique fois où Oscar avait porté une robe. Emeline adorait cette histoire. Elle imaginait si bien la belle dame soldat dans sa robe, les nobles éblouis par tant d fraîcheur et de beauté.

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André était étendu sur son lit. La maison était enfin calme. La tribu dormait. André pouvait rêver, les yeux grands ouverts dans l’obscurité de la chambre qu’il partageait avec Nicolas et Antoine.
La tribu Grandier se composait de la fille d’André, son mari, et leurs 4 petits monstres.

« Plus si petits que ça …pensa t ‘il… »

Antoine, l’aîné, un grand garçon bien bâti qui travaillait déjà dur pour gagner son pain quotidien. Il ressemblait à son grand-père ayant hérité des yeux verts. Jeannette 18 ans, éternelle romantique qui croyait au grand amour, et espérait que celui ci viendrait la sortir de ce qu’elle considérait une vie de misère. Elle rappelait Jeanne Valois à son grand-père.
Y a t il une destinée derrière un prénom ? Il espérait le contraire se remémorant la triste fin de jeanne. Nicolas 12 ans, fier et dur comme les garçons de sont âges peuvent l’être.
Emeline, la douce, 12 ans, sœur jumelle de Nicolas, aussi blonde qu’il était brun. Ces 2 là se taquinaient souvent et pourtant, un des garnements du quartier ne pouvait imaginer jouer un mauvais tour à la gamine. Nicolas veillait.
André Grandier savait qu’il les quitterait bientôt. Il avait fait son temps, son heure approchait. Il avait « resquillé » une fois, une fois la mort l’avait laissé échapper, cette fois, elle ne manquerait pas le rendez-vous. La vie, la mort, dieu, il ne savait pas trop qui lui avait accordé cette autre chance, cette autre vie en juillet 1789. Le 13 juillet 1789 l’avait laissé pour mort. A son réveil, il était trop tard, le destin avait été cruel : la grande faucheuse était passée et n’avait laissé aucune chance à sa chère oscar. Elle avait succombé au lendemain de ce qu’elle avait cru être la mort d’André. Elle l’avait abandonné, oui c’est ce qu’il avait ressenti, ce qu’il avait pensé à son réveil, il l’avait pleuré et sans l’aide des ses fidèles amis n’aurait sans doute pas vécu ce qu’il aimait appeler sa seconde vie.
André ferma les yeux et replongea dans la nuit du 12 juillet….cette nuit là dans la forêt.

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Ils galopaient vers Paris, ils chevauchaient vers leur destin, ils étaient sur le chemin qui allait changer à jamais leur vie. Il était trop tard pour faire demi-tour, il était trop tard pour essayer de la sauver. André regrettait sa faiblesse devant Alain. Oscar avait remis sa vie entre ses mains, et devant l’insistance de son camarade, il avait cédé. Ils auraient pu fuir le tumulte de la révolution. Oscar le tira de ses pensées :

« André, arrêtons, je t’en prie. Je souhaiterais profiter de quelques instants, ici maintenant, quand tout est encore calme. »

La lune haute et pleine permettait à André de contempler à loisir Oscar. Même fatiguée, quasiment ravagée par la maladie, elle était belle. Son œil le faisait souffrir plus encore que les autres jours, mais le spectacle qui s’offrait à lui, lui faisait oublier cette douleur. A ce moment précis, elle n’existait plus. Il finit pourtant par détourner la tête, un brusque accès de honte resurgissait. Il lui avait fait mal, dans sa propre chambre, il s’était conduit comme le plus misérable des gueux. Elle lui avait pardonné, elle lui avait avoué son amour, mais il souffrait encore de ce geste qu’il avait eu.

« André.
- Oui, Oscar ? »
Elle s’approcha de lui et lui glissa à l’oreille :
« André, s’il te plait, fais-moi tienne. »
Les paroles d’Oscar avaient une consonance surréaliste dans la bouche de celle ci. Oscar n’était pas le genre de personne à quémander, non Oscar commandait. Pourtant sa requête à l’oreille d’André avait sonné telle une prière.
Il la contempla un moment encore, puis passa sa main dans la chevelure de la jeune fille, enfin saisissant son menton il attira ses lèvres aux siennes. A cet instant précis, il oublia toutes les filles qu’il avait pu embrasser, voire même culbuter. Il avait fait l’amour à d’autres femmes, mais toujours avec cette impression qu’il tenait Oscar dans ses bras. Chacune de ses amantes avait été blonde, aucune n’avait égalé la beauté d’Oscar, mais une pâle ressemblance c’est tout ce qu’il avait souhaité, l’imagination et les yeux fermés avaient fait le reste. Cette fois, il ne fermerait pas les yeux, cette fois, il graverait dans sa mémoire tout ce qu’elle lui offrirait.
Ils s’embrassaient maintenant à pleine bouche. Les mains d’André enserraient le visage tant aimé. Il déboutonna sa veste, lui enleva doucement, ses mains glissaient à présent sous sa chemise, sa main droite rencontra la pointe d’un sein, il commença à caresser le mamelon doucement puis le pinça. Se faisant, sa main gauche glissait doucement vers le ventre de la belle. Oscar gémissait sous ses caresses. Elle s’abandonnait aux sensations. La chemise tomba à son tour. André s’arrêta, ne pouvant détacher les yeux des seins de la jeune femme : ronds, pleins, fermes. Il voyait le résultat de ses caresses, la peau d’Oscar était parcourue de frissons, l’empreinte du plaisir se dessinait sur sa peau. Sentant leur désir commun monter, André n’avait pas pris soin de la dévêtir complètement, il l’avait pénétré doucement, lentement, leurs 2 corps n’en avaient formé plus qu’un, uni dans un même mouvement, submergé par les vagues du plaisir au même moment. Ils restèrent enlacés à demi-nu, cœurs battant à l’unisson, corps moites, mèches de cheveux collées sur leur visage jusqu’au petit matin.


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La nuit des souvenirs…oui c’était sans doute ainsi avant le dernier soupir…André continua son voyage au pays de la mémoire.

« Et toi là, viens donc m’aider !!!! »
André ne bougea pas.
« Et bien bouge toi un peu l’ami…..Tu n’es point galant… »
Le rouge lui monta aux oreilles. Cette blanchisseuse était bien mal élevée pour apostropher ainsi un homme en pleine rue.

« Pourquoi souris-tu bêtement Alain ?
- Allons André, faut pas avoir peur des femmes comme ça l’ami… »

Alain aurait voulu rendre le sourire à son ami. Il y avait maintenant 10 ans qu’Oscar avait quitté ce monde, il était temps qu’André termine son deuil.
La terreur avait succédée à la révolution, à présent le calme semblait être revenu sur la France. Alain et André avaient vécu les tourments de leur peuple l’un à côté de l’autre et aujourd’hui c’est leur amitié qui avait aidé André à surmonter son chagrin et à vivre. Ils travaillaient tous les 2 dans un atelier de la rue Hélène, atelier en face duquel se trouvait une blanchisserie. Alain aimait la gouaille des filles de la blanchisserie, André ne leur avait jamais vraiment prêté attention, toujours perdu dans ses rêves qu’il était. Mais Alain avait remarqué que depuis l’arrivée de la petite Elisabeth, son ami avait changé d’attitude et d’opinion.
Alain esquissa un sourire.
« Oui ces 2 là pourraient aller ensemble… »

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Elisabeth devait avoir dans les 20 ans lorsqu’elle était montée à Paris, quittant sa province avec l’espoir d’une vie meilleure, débarquant dans cette blanchisserie où le travail était dur et ingrat.
Aussi brune qu’Oscar avait été blonde, aussi fragile qu’Oscar avait été forte. Non finalement plus il y réfléchissait plus il se rendait compte qu’Oscar n’était pas si forte, et qu’Elisabeth n’était pas si faible. La force d’Oscar était différente de celle qui émanait d’Elisabeth. Oscar avait une force physique et mentale, mais devant l’amour, celui qu’elle avait eu pour Fersen, André l’avait vu souffrir, André l’avait vu perdu. Babette, elle n’avait pas eu peur de vivre ses sentiments. Elle avait saisi sa chance. André lui plaisait, elle avait su l’apprivoiser malgré leur différence d’âge.
André se demanda encore pourquoi il tentait de comparer les 2 femmes. Malheureusement, elles appartenaient toutes les 2 au passé, bientôt il les rejoindrait. L’une avait été son amour de jeunesse, et alors qu’il croyait que son cœur ne pourrait plus aimer, il avait compris que le second était celui que certains attendent toute une vie.
Oscar la blonde, Elisabeth la brune. La glace et le feu ou, le feu et la glace. André ne savait plus très bien. Oscar lui avait si souvent battu froid, avait été si souvent fidèle à son éducation militaire rigide, pourtant son amitié puis son amour, l’avaient brûlé. Les apparences étaient souvent trompeuses. Sa Babette si tranquille avait révélé son tempérament de feu. André venait à se dire qu’il n’avait jamais réellement compris les femmes, pas comme Alain…
Il avait eu du mal à croire qu’une jeune fille de 20 ans, voulait épouser un homme de 44 ans. Elle était si belle, si fraîche, si innocente, sa Babette. Elle aimait lui répéter qu’elle aimait la sagesse dont il faisait preuve.
L’amour physique avec elle avec était si différend, elle était à la fois audacieuse et soumise. L’amour tout court avait été différent : pas de souffrances inutiles, pas de questions, pas d’obstacles à leur relation. Relation qui n’avait jamais eu à passer par la case de l’amitié. C’était peut être ça le problème avec Oscar, à force d’être si proche, si longtemps, ils en avaient peut-être confondus leurs sentiments.

« Ah Babette….Tu rayonnais lorsque tu attendais notre petit Oscar…. »

André avait nommé son premier enfant, un garçon par chance (il n’aurait jamais décidé d’appeler sa fille ainsi même en souvenir de son amie) Oscar. Il avait dit à Babette qu’Oscar avait été un ami proche, thèse qu’Alain avait confirmée. Les 2 avaient omis la nature du dit Oscar.

« Le cœur d’un homme a aussi ses secrets…. »

Babette lui avait donné deux enfants, le choix du roi qui plus est : un garçon et une fille. Grégoire dès son enfance, avait été curieux, adulte il était parti à la découverte du monde. Il avait ramené en France, une chinoise comme épouse. Le couple s’était installé près d’Arras, avait ouvert un commerce et eu 3 enfants. André regrettait de ne pas voir ses petits enfants aussi souvent que ceux chez qui il habitait, mais ainsi est faite la vie.
Sa fille Pascaline était un savant mélange du père et de la mère. Elle avait épousé un charpentier à l’âge de 17 ans et avait mis aux monde 4 beaux enfants. A la mort de sa mère, Pascaline et Thomas avaient accueilli André chez eux, à la plus grande joie des enfants.

« C’est bientôt à mon tour de partir…il y a si longtemps que j’aurais du partir…. »

André avait vécu les premiers jours de son réveil en 1789 comme dans une sorte de cauchemar éveillé. Rosalie, Bernard, lui avaient caché le décès d’Oscar. Il n’avait pourtant cessé de l’appeler. La vérité fut si dure à accepter, à comprendre.
Quand Babette avait à son tour quitter le monde terrestre, André avait senti son cœur se déchirer, la blessure se réouvrir. Une fois encore le destin frappait celle qu’il aimait. Babette était si jeune, elle n’aurait pas du mourir, il aurait donné sa vie pour elle, mais le cœur de sa femme était si fragile qu’il avait fini par céder.
Les lueurs du jour pointaient, André entendait la respiration régulière de Nicolas et Antoine. Il ferma les yeux, Morphée lui tendait enfin les bras.


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Ce matin là, André n’arriva pas à se lever. Le jour était là depuis longtemps, pourtant il ne pouvait s’arracher de sa couche. Ses membres ne voulaient pas lui obéir, le clouant ainsi dans son lit.

« j’ai peut être trop veillé hier soir…trop réfléchi à la signification de l’amour…. » se dit-il.

Emeline frappa doucement à la porte. André entendit sa petite voix demander l’autorisation d’entrer.

« Mais oui mon enfant, entre !
- Pourquoi es-tu encore couché Grand-père ?
- Emeline, tu dois comprendre et accepter que je suis maintenant un vieil homme. Je me prépare au grand voyage. »

Les larmes roulaient sur les joues de l’enfant. Elle resta auprès de son grand-père toute la journée. Il refusa la soupe que sa fille lui apporta le midi. Finalement, il rendit son dernier soupir au coucher du soleil, ses petits enfants à ses côtés.

« Ah Babette ma chérie, je serais bientôt prêt de toi » furent les ultimes paroles d’André Grandier.
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